Louis de Funès est né le 31 juillet 1914 à Courbevoie. Hé oui, aujourd’hui, « Fufu » aurait eu 100 ans. Retour sur la carrière de l’un des acteurs les plus charismatiques au monde.
Jeunesse et vocation
Issu d’une famille espagnole, le petit Louis passe son enfance à Villiers-sur-Marne, son enfance est marquée par sa mère qui lui donnera le goût pour la musique. Il fait ses études au lycée Concordet, et, sous l’impulsion de son frère, entre à l’Ecole professionnelle de fourreur, école dont il est renvoyé quelque temps après pour… chahut ! Pendant l’occupation allemande et après une longue série de petits boulots, il se fait engager comme pianiste de bar. C’est à cette période qu’il se met en tête de devenir comédien et, à l’âge de 28 ans, s’inscrit au Cours Simon durant une courte période pendant laquelle il se liera d’amitié avec le futur comédien Daniel Gélin qui lui fera obtenir ses premiers rôles au cinéma.
Débuts de comédien
Grâce à Daniel Gélin, Louis De Funès débute son aventure cinématographique en 1945, cette année la, il joue dans le film La Tentation de Barbizon, une comédie de Jean Stelli, où pour la première fois, le public entendra les premières paroles de l’acteur au cinéma dans une scène face à l’acteur Pierre Larquey. En 1949, il joue le rôle d’un pianiste de jazz aux côtés de Luis Mariano et Jules Berry dans le film « Pas de week-end pour notre amour » de Pierre Montazel.
Les années 50 : l’ascension
En quelques années, le public s’est familiarisé à ce physique et cette gouaille hors du commun, les propositions de seconds rôles affluent et Louis de Funès commence même une carrière au théâtre. Il rencontre Sacha Guitry qui le fera tourner dans La Poison (1951), Je l’ai été trois fois (1952), Si Paris nous était conté (1955) et dans La vie d’un honnête homme, un film dans lequel il aura un rôle plus consistant. Ce film marquera aussi sa rencontre avec future partenaire de cinéma : Claude Gensac. En 1952, il intègre la troupe des Branquignols de Robert Dhéry, et dès l’année suivante, il obtient la reconnaissance de la profession avec la pièce « Ah ! Les belles bacchantes ! », la pièce se verra adaptée au cinéma et sera un grand succès. Il continue les seconds rôles dans divers films : La reine Margot (Jean Dréville, 1954), jouera aux côtés de Fernandel dans « Le mouton à cinq pattes » d’Henri Verneuil et se retrouvera pour la première fois face à Bourvil dans Poisson d’Avril de Gilles Grangier.
L’année 1956 marque le premier tournant dans la carrière du comédien. Avec Bourvil, il est engagé par l’illustre réalisateur Claude Autant-Lara pour jouer dans la comédie dramatique « La traversée de Paris ». Les deux acteurs, quasi-inconnus, font face à l’une des grandes figures du cinéma français : Jean Gabin. Dans ce film, Louis de Funès incarne Jambier, un épicier lâche à la forte personnalité et, bien qu’il n’ait que très peu de scène, Louis de Funès montre ici tout son talent et annonce les prémices du personnage colérique qui lui collera tant à la peau ! Succès triomphal, La traversée de Paris permet à De Funès de se révéler aux yeux du public. Dès lors, il enchaînera des films dans lesquels il trouvera des rôles de plus en plus importants dans des films comme : « Ni vu, ni connu » d’Yves Robert et surtout « Comme un cheveu sur la soupe » de Maurice Regamey où son rôle de compositeur suicidaire lui permet d’obtenir les faveurs de la critique et lui permettra d’obtenir en 1957, le Grand Prix du Rire. La même année, il explose au théâtre dans la pièce Faisons un rêve de Sacha Guitry aux côtés de Danielle Darrieux et Robert Lamoureux. A la fin des années 50, il commence les répétitions d’Oscar de Claude Magnier. Le début d’une belle carrière…
Les années 60 : Girault, Bourvil, Oury. La consécration
En 1961, première consécration pour Louis de Funès, la pièce Oscar fait un triomphe. Le cinéma le demande de plus en plus. En cette année, il fait une rencontre déterminante : un jeune réalisateur, Gérard Oury, l’engage pour jouer dans son film Le crime ne paie pas. Durant le tournage, Louis de Funès constatera le potentiel comique du réalisateur et lui dira : « Quant à toi, tu es un auteur comique, et tu ne parviendra à t’exprimer vraiment que lorsque tu auras admis cette vérité-là. » et, toujours en 1961, il continue de s’affirmer aux côtés des Branquignols dans « La belle américaine ». En 1962, il retrouve Jean Gabin dans Le gentleman d’Epsom dans lequel il campe un restaurateur cupide et colérique.
En 1963, il est engagé pour une nouvelle adaptation d’une pièce : Pouic-Pouic. Réalisé par Jean Girault, Louis de Funès fait face à Jacqueline Maillant et à la débutante Mireille Darc, succès critique et commercial, Louis de Funès et Jean Girault ne lient d’une grande amitié et récidivent l’année suivante avec le film « Faites sauter la banque », où aux côtés de Jean-Pierre Marielle, Louis de Funès joue le rôle d’un quincailler abusé par son banquier qui organise un hold-up. Après ces deux succès, le duo se reforme à nouveau la même année pour « Le gendarme de Saint-Tropez », comédie narrant les aventures du maréchal des logis-chef Cruchot et de sa brigade de gendarmes à Saint-Tropez. Véritable triomphe public, les aventures de Cruchot et ses hommes réunissent près de sept millions d’entrées et engrangeront de nombreuses suites qui n’atteignent, toutefois, pas la réussite commerciale et artistique du premier opus.
En 1965, un autre grand moment arrive dans la carrière de Louis de Funès, en effet, l’acteur retrouve deux de ses complices : Bourvil et Gérard Oury pour Le corniaud. Un road-movie comique tourné en Italie. Célèbre pour la scène de la « destruction » de la 2CV au début du film, Le Corniaud réunit près de 10 millions de spectateurs et consacre le fameux trio Bourvil / De Funès / Oury. Le trio se reforme l’année suivante pour leur film le plus célèbre : La grande vadrouille. Comédie historique aux moyens énormes, le film raconte les péripéties d’un peintre (Bourvil) et d’un chef d’orchestre (De Funès) sous l’occupation. Une fois de plus, le film fait un triomphe en salles et se permet de récolter quelques 17 millions de spectateurs, ce qui en fit à l’époque, le plus grand succès de l’histoire du cinéma français. Désormais, la carrière de Louis De Funès est bel et bien lancée, dès lors, il enchaîne les comédies : Le Tatoué, Les grandes vacances, Le grand restaurant et surtout Oscar, l’adaptation de la pièce à succès qui le fit connaître au théâtre.
Années 70 : de La folie des grandeurs à L’aile où la cuisse
Couronné de succès, les années 70 s’annonces florissantes pour Louis de Funès. Après les succès du Corniaud et La grande vadrouille, Gérard Oury tient à reformer pour la troisième fois Louis de Funès et Bourvil pour sa nouvelle comédie : La folie des grandeurs. Une nouvelle comédie historique se déroulant cette fois-ci à l’époque des rois d’Espagne. Louis de Funès doit incarner le fourbe et cupide Don Salluste, ministre du budget au roi d’Espagne et Bourvil incarne Blaze, son fidèle valet. Le scénario écrit, la pré-production commence mais, le 23 septembre 1970, un drame survient : Bourvil, le complice et ami de Louis de Funès, meurt à son domicile des suites de la maladie de Kahler qui le rongeait depuis trois ans. Le cinéma français perd alors l’un de ses plus grands comédiens et met fin à des projets que le duo préparait, en effet, les deux hommes devaient se retrouver au théâtre pour la pièce Le contrat de Francis Veber (qui deviendra L’Emmerdeur).
Bourvil mort, Gérard Oury doit remplacer son acteur car le tournage est imminent. Le rôle de Blaze échoit à Yves Montand ! Le rôle est complètement réécrit pour l’acteur et, à sa sortie, le film est un nouveau succès : 5 millions de spectateurs. Parallèlement à ce succès, l’acteur connaît ses premiers échecs avec L’homme orchestre et Sur un arbre perché, deux films réalisés par Serge Korber. En 1971, il tourne avec Jean Girault, a comédie noire « Jo » où aux côtés de Bernard Blier, il joue le rôle d’un auteur comique ayant victime d’un maître chanteur qu’il tue accidentellement.
L’acteur retrouve les faveurs du public en retrouvant une nouvelle fois Gérard Oury pour ce qui deviendra, l’un de ses films les plus célèbres : Les aventures de Rabbi Jacob, comédie dans laquelle Louis de Funès se fait passer pour un rabbin afin d’échapper à des terroristes. Le film est devenu célèbre pour sa fameuse scène de danse juive. Malheureusement, ce sera le dernier film que De Funès tournera pour Oury, lors du tournage de la scène de la danse juive, l’acteur sera victime d’un infarctus qui aurait pu lui être fatale. Néanmoins, le film est un nouveau triomphe puisqu’il réunit sept millions de spectateurs. Oury et De Funès devaient se retrouver en 1975 pour un projet baptisé « Le crocodile ». Le film censé se dérouler en Amérique du Sud dans lequel De Funès devait jouer le rôle d’un dictateur mais le tournage, estimé trop physique par l’acteur sera abandonné et le projet restera sans suite. Peu de temps avant, l’acteur mettait fin à sa carrière théâtrale après avoir été victime à nouveau d’un second infarctus, alors que l’acteur était en pleine représentation de « La valse des toréadors » de Jean Anouilh.
Pendant trois ans, De Funès est mis au repos. L’acteur se retire dans son château de Loire-Atlantique dans le petit village du Cellier et beaucoup pensent que sa carrière cinématographique est finie. Mais en 1976, sa carrière marque un nouveau tournant. Un jeune producteur, Christian Fechner, lui propose de tourner dans la nouvelle comédie du nouveau prodige du cinéma comique français : Claude Zidi. Le film, L’aile où la cuisse, comédie racontant les aventures d’un directeur de guide gastronomique et de son fils sur fond de critique sur la « malbouffe ». Avec ce film, Louis de Funès voit une opportunité de relancer sa carrière et de se confronter à la jeune génération de comiques. Pour le rôle du fils de De Funès, Fechner engage Pierre Richard mais l’acteur quitte le projet, le producteur se rabat vers un jeune humoriste encore inconnu : Coluche. Véritable choc des générations, la relation entre les deux acteurs est exemplaire et se lient d’une grande amitié sur un tournage rendu difficile compte tenu des assurances devenues fébriles quant à la santé précaire de l’acteur. A sa sortie, L’Aile où la Cuisse est nouveau triomphe : 5 millions d’entrées et permets à « Fufu » de se relancer !
Les derniers rôles
Après le succès de L’aile où la cuisse, le nouveau trio De Funès / Fechner / Zidi se reforme en 1978 avec le film La Zizanie, une comédie sur fond de campagne électorale. Même si la critique est moins tendre que L’aile où la cuisse, La Zizanie rempote un joli succès. La décennie 70 se termine donc plutôt bien pour Louis De Funès.
En 1980, toujours avec Fechner, il réalise un vieux rêve : adapter Molière. Avec l’aide de son complice Jean Girault, il réalise une adaptation de L’Avare. Le film, très fidèle à l’œuvre originale, est encore un succès et, avec deux millions d’entrées, se classe 12ème du box-office. En 1981, il interprète le « Glaude » aux côtés de Jean Carmet et d’un autre jeune acteur : Jacques Villeret dans la comédie « La soupe aux choux », toujours réalisé par Jean Girault et produit par Christian Fechner. Le film, aujourd’hui culte, est devenu célèbre pour son thème musical composé par Raymond Lefèvre et est considéré comme étant l’un des meilleurs films de l’acteur. La même année, il est récompensé d’un César d’honneur, récompense remise des mains de l’un des plus acteurs comiques au monde : Jerry Lewis.
En 1982, il tourne ce qui sera son dernier film : Le gendarme et le gendarmettes, sixième aventure du personnage qui l’aura rendu célèbre : le maréchal des logis-chef Cruchot. Le film marqua la fin d’une époque. Jean Girault meurt en plein tournage des suites d’une tuberculose. Le film sera achevé par Tony Aboyantz l’assistant de Jean Girault.
Mort
Alors qu’il avait accepté le rôle titre du film « Papy fait de la résistance » de Jean-Marie Poiré, le soir du 27 janvier 1983, Louis de Funès est victime d’un nouvel infarctus. Emmené d’urgence au centre hospitalier de Nantes, il y meurt dans la nuit. Le lendemain, la France se réveille avec cette terrible nouvelle qui est vécue comme un drame national. Ses obsèques, au Cellier, étaient censées se dérouler dans la plus stricte intimité mais la forte popularité de l’acteur attira de nombreuses personnes. Parmi les célébrités présentes, seuls ses camarades Jean Carmet et Michel Galabru furent présents ainsi que Mme Giscard d’Estaing, la femme de l’ancien président de la république.
Michel Galabru, en la mémoire de son ami défunt, reprendra le rôle qui devait lui revenir dans Papy fait de la résistance et sera dédié à la mémoire de Louis de Funès.
http://youtu.be/ztX9iDThOIgTout au long de sa carrière, Louis de Funès n’aura jamais cessé de faire rire, ses films traversent les décennies sans vieillir et se transmettent de générations en générations. Le seul regret que nous pourrions avoir, est de ne pas avoir pu voir Louis de Funès, à l’instar de son ami Bourvil, dans des rôles plus sombres et tragiques. Ce que De Funès cherchait toujours.
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