Critique de « Jeune et Jolie »

Jeune et jolie

10

Scénario

10.0/10

Réalisation

10.0/10

Acteurs

10.0/10

Musique

10.0/10

Twitter: #JeuneEtJolie @MarsFilms

Acteurs:  Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot

Réalisateur : François Ozon

Durée : 1H34

Date de sortie: 21/08/2013 

« Jeune et jolie » a été présenté en compétition au dernier Festival de Cannes. Deux choses ont alors filtré : un sujet sensible, et une actrice révélée. Le film est-il aussi sulfureux que le laisse entendre la bande-annonce ?

Le film débute sur un été. Un été en famille, dans le Sud de la France, au bord de la plage. Un été au cours duquel Isabelle fête ses 17 ans, juste après avoir perdu sa virginité dans les bras d’un jeune Allemand, plus par défi que par réelle envie, comme si elle voulait être débarrassée de cette première fois. La jeune fille vit avec sa mère Sylvie, Patrick le nouveau compagnon de celle-ci, et Victor, son petit frère, qui est également son confident et entre tout juste dans l’adolescence, avec ses premiers émois et l’éveil de ses sens…

La famille semble unie, heureuse, mais Isabelle semble parfois mystérieuse, presque rebelle. Et on peut constater qu’elle a un rapport particulier avec les hommes, semblant parfois les fuir et d’autres fois s’y intéresser. Les vacances terminées, on passe alors directement quelques mois plus tard, et on découvre Isabelle (qui se fait appeler Léa) pénétrant dans une chambre d’hôtel luxueuse, habillée et maquillée de façon à se vieillir de quelques années, et surtout à plaire… On comprend rapidement qu’elle rend visite à un client, et que ce n’est pas la première fois… Isabelle se prostitue quand elle a du temps libre, entre les cours ou avant de rentrer chez elle, et gagne beaucoup d’argent, tout en restant le plus discrète possible vis à vis de sa famille et de ses camarades de classe. Et en se faisant passer pour une jeune femme d’une vingtaine d’années, alors qu’elle est encore mineure…

La suite est une série de rencontres, bonnes ou mauvaises, ou plutôt de rendez-vous furtifs… De mensonges, de petites querelles avec sa mère, d’incompréhension de sa famille devant un comportement nouveau chez elle, sans comprendre pourquoi… (bien entendu, ni sa famille ni ses amis ne se doutent de quoi que ce soit). L’adolescence, tout en excusant certaines choses, cache parfois bien des mystères, parfois inavouables… Mais un jour le décès brutal d’un client de « Léa » va bouleverser le cours de la petite existence d’Isabelle et de sa famille…

Dire que Marine Vacth fait le film à elle seule serait un raccourci inexact, sans être totalement faux. La jeune actrice, qui tient là son premier grand rôle, illumine l’écran de sa beauté juvénile, de sa candeur apparente laissant parfois sa place à l’assurance d’une femme qui assume ses actes. Son personnage est complexe, à la frontière entre l’adolescence et l’âge adulte, elle est un peu paumée en fait… Et cela l’actrice le fait à merveille : on sent toute la gêne et les craintes d’Isabelle sur certaines scènes, mais aussi son côté assumé et obstiné. Si on s’interroge au départ sur ses motivations, son but, on a rapidement envie de savoir, de comprendre comment une jeune fille plutôt gâtée et aisée a pu en arriver là. Autour d’elle, on retrouve un casting efficace, bien choisi, juste. Géraldine Pailhas est impeccable dans le rôle de la mère, Frédéric Pierrot également dans le rôle du beau-père, et on découvre aussi d’autres acteurs convaincants. François Ozon a réalisé un film fort, touchant, sans temps mort. Les scènes de sexe ou du moins dénudées sont nombreuses, mais ne tombent jamais dans la vulgarité, le voyeurisme malsain. Le réalisateur filme ces scènes de façon à les rendre belles, un peu comme l’avait fait Eric Rochant dans Möbius. Non, « Jeune et jolie » n’est pas un film porno. Non, ce n’est pas qu’un enchaînement de scènes osées. Bien que fréquentes elles ne représentent qu’une petite partie du film. Quant à la musique, qui comporte quelques chansons de Françoise Hardy, elle accompagne magnifiquement le film et l’état d’esprit de son personnage principal.

Oui j’ai beaucoup aimé « Jeune et jolie », c’est pour moi un petit chef d’oeuvre, signé François Ozon.

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