Twitter : #LeMilieuDeLHorizon
Réalisatrice : Delphine Lehericey
Acteurs : Laetitia Casta, Luc Bruchez, Clémence Poesy
Durée : 1h32
Date de sortie : 20 octobre 2021
Après Puppylove en 2013, Delphine Lehericey revient avec un nouveau long-métrage « Le Milieu de l’horizon » avec nulles autres que Laetitia Casta et Clémence Poesy. Originalement prévu pour une sortie en 2019, c’est finalement en octobre 2021 qu’il sortira dans nos salles de cinéma dans un contexte pas tout à fait post-COVID, mais dans de meilleures conditions tout de même.
Le Milieu de l’horizon est un long-métrage contemplatif qui présente une famille en implosion. C’est une lettre d’amour à ces familles loin des métropoles, en pleine campagne, rythmées par des sentiments passionnels. En effet, le film prend son temps et ce n’est aucunement péjoratif puisqu’ici seules les émotions comptent. Nous sommes emportés dans une tempête où chaque membre d’une même famille s’entrechoquent pour mieux se trouver. Les difficultés relationnelles y sont parfaitement jouées, exacerbées par une canicule qui offre des paysages brûlés. Cette chaleur étouffante devient même un personnage à part entière, décimant les bêtes de la ferme et allumant des feux au sens figuré. L’expression de la flamme dans une relation n’aura jamais été aussi bien exprimée que dans ces une heures trente de film. Le désir se heurte à la jalousie, parfois même à la folie, offrant au spectateur des scènes brutales et d’une réalité pourtant si vraie. L’animosité de ces personnages se révèle au fur et à mesure, l’envie d’ailleurs ou le profond chagrin d’une vie non désirée. Nous apprenons à connaître ces personnages dont la vie est soudainement chamboulée par de nouvelles possibilités brillamment incarnées par une figure féminine pour laquelle Clémence Poesy prête ses traits.
Il faut le dire, si nous avons l’impression de vivre cette forte sécheresse grâce aux paysages, c’est aussi les acteurs qui campent parfaitement leur rôle et offrent une autre dimension au film. Laetitia Casta est tout simplement parfaite dans cette femme à la double vie, celle d’une mère fatiguée mais combattante et de l’autre une femme qui se sent désirée avec de nouvelles perspectives qui hantent littéralement son esprit. Le plus remarquable est probablement le jeune Luc Bruchez, c’est à travers ses yeux que nous découvrons les maux de son entourage, mais aussi les siens. Il a cette capacité à retenir l’attention au moyen d’un visage très expressif et un jeu particulièrement juste. Dans l’ensemble, le casting est très bien choisi, chaque ligne est délivrée dans le bon ton et pas un seul ne pêche.
La fragilité revient constamment dans ce long-métrage, que ce soit la fragilité d’une vie (avec notamment le vieux cheval), celle d’un couple en perdition, des liens familiaux qui peuvent unir si fortement deux personnes, mais éclater à la moindre petite aiguille, une fragilité également du monde agricole… C’est beaucoup de messages que nous rencontrons et tous font sens, ce qui n’est pas une chose aisée. Il est donc important de relever le très bon scénario signé par Joanne Giger inspiré par le roman homonyme de Roland Buti. Le tout est accompagné par une musique de Nicolas Rabaeus qui ne dénote pas, mais ne s’impose pas non plus. Finalement ce n’est pas gênant puisque la force du film c’est aussi ses moments calmes, posés, de contemplation, mais on aurait aimer une bande-originale peut-être un peu plus frappante à certains moments ou qui transporte vers d’autres horizons.
Il s’agit là d’un long-métrage qui reste avec nous après la séance, auquel on aime penser de temps en temps surtout grâce à sa fin ouverte où chacun peut décider du destin des protagonistes. Attention, on ne reste absolument pas sur sa fin et nous n’avons pas non plus l’impression de s’être fait voler une fin digne de ce nom. Au contraire, ce choix décuple l’impact du film et est finalement la cerise sur le gâteau.
Rendez-vous dès aujourd’hui au cinéma pour découvrir cet émouvant long-métrage !
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