A l’occasion de la sortie du film DieuMerci en salle le 9 mars 2016, Nous avons eu l’honneur de rencontrer Lucien Jean Baptiste et Baptiste Lecaplain autour d’une table ronde afin de pouvoir leur poser quelques questions mais également d’assister à l’avant-première du film en présence de toute l’équipe.
Voici notre interview.
Question 1: Le thème du film est de vivre ses rêves de gosses, est ce que aujourd’hui on peut dire que en tant qu’acteur vous vivez votre rêve de gosses?
« Oui nous avons trouvé le job, maintenant faut le garder… et là c’est de votre responsabilité en partie, vu que vous allez en parler (de notre film). Donc après, il faut durer, faut pas se réveiller et qu’on se dise que c’était un rêve. En tout cas oui c’est clair que pour l’instant nous vivons le nôtre. Quand je me lève le matin, je ne me dis pas que je vais travailler. »
Question 2: Lucien lors de la projection, tu nous a dit que ce film était en grande partie autobiographique, peux-tu nous en dire plus ?
« Ce qu’il faut retenir c’est que la réalité a nourri la fiction ! C’est vrai que toute la trame est liée à ce que j’ai vécu, c’est-à-dire que pendant 10 ans j’étais dans l’événementiel, après j’ai eu ce petit drame et delà j’ai décidé de réaliser mon rêve de gosse en m’inscrivant aux cours Florent, donc ce que vous voyez dans le film. Et puis en passant ce concours qui s’appelle « la classe libre » que j’ai appelé « les nouveaux talents » dans le film, cela m’a permis de trouver un agent, de faire du théâtre, du cinéma, du doublage, donc vous voyez que la trame du film est liée à l’histoire vraie; à mon histoire. je me suis servi de ça comme plan. Et la prison que voyez au début et bien, c’est toujours pour chercher le lien avec la réalité, la prison pour moi c’est la métaphore de la banlieue, de l’enfermement, mais pas que l’enfermement physique, l’enfermement intellectuel dans lequel on peut être à un moment de sa vie à croire que c’est comme ça. Que les rêves, ils ne sont pas pour soi. La cour de la prison c’est le bas de ma cité où entre cité on se réunit en bas, pour jouer au foot ou fumer des substances et de temps en temps et bien tu as un éducateur qui vient te dire « tu devrais essayer de faire ça… » car à la MJC on se dit tous, que c’est le football qui domine tout et fallait sortir de ça. J’ai même mis un de mes compatriotes antillais dans le début du film qui me dit « ne lâche pas » donc voilà je raconte mes histoires. Pour finir Baptiste représente à lui seul, tous les jeunes que j’ai rencontrés aux cours Florent »
Question 3: Lucien j’imagine que tu as entendu parler de la polémique des oscars trop « blanc », as-tu le sentiment que le cinéma français soit dans la même optique ?
« C’est très intéressant, ce n’est pas une petite question... Alors, c’est une histoire de point de vue; d’où l’on se positionne. Bon y a cette polémique, on va parler de la polémique en elle-même.Après on va voir le rapport avec la France parce que c’est deux pays différents . Les Américains, quand on connaît leur histoire avec le rapport noir/ blanc c’est terrible, y a eu l’esclavage en place, la ségrégation et il y a encore pas si longtemps les noirs et les blancs ne pouvaientt pas s’asseoir au même endroit. Aujourd’hui ils ont un président noir, il y a 40 millions de noirs américains qui ont une histoire commune. Ils ont des acteurs fabuleux, ils ont tout… quand Spike Lee commence à faire des polémiques, cela s’apparente plus pour moi à une piqûre de rappel et la preuve en est que le présentateur Chris Rock est arrivé et a tout dit lors de son monologue aux Oscars. Mais ces gens-là ont besoins vu ce qu’ils ont vécus de temps en temps de tirer le signal d’alarme pour ne pas repartir dans l’autre sens, donc il y a toujours des gens pour veiller au grain. Bon nous en France, y a 60 millions d’individus et on doit être 4 ou5 millions de noir, c’est le grand maximum. On est complètement hétérogène c’est-à-dire ce qui constitue les noir en France, c’est des personnes qui ne sont pas nées en France, c’est complètement hétérogène. J’essaye de garder ça en rapport avec les USA , c’est-à-dire que nous en France on est à la préhistoire de l’histoire du noir dans le cinéma français, car dans le sport ça n’a jamais posé problème. De toute façon peu importe ta couleur de peau, la comédie c’est difficile donc quand tu as la place du noir dans le cinéma français je crois qu’il prendra celle qu’il aura. Tout ça est en train de bouger, on avance lentement, mais on avance et donc la situation n’est pas désespérée même si elle est très lente. Va falloir travailler des deux côtés et la meilleure phrase que Chris Rock ait pu dire aux Oscars était « on veut des opportunités » et la différence ne doit pas être signe d’inégalité.
Question 1: Baptiste comment a tu rejoins le casting ?
» En fait, j’étais le premier au courant de l’existence d’un projet entre Lucien et moi, parce que c’était en 2011 sur le tournage de « Nous York » et Farid Lahouassa produisait déjà en partie, il a produit « Tout ce qui brille » et c’est un mec qui sent les bonnes rencontres, donc il est venu me voir sur le tournage en me disant « j’aimerais bien que tu tournes un film avec Lucien Jean Baptiste » il n’y avait pas encore de scénario à cette époque là, mais dès qu’il en trouvait un il me faisait signe. Et donc y a eu un qui est tombé et en me le passant il m’a dit « Lucien est motivé pour le reprendre et le réécrire lui-même » mais c’est Farid Lahouassa avant qui m’en a parlé… alors qu’on était sur le tournage de « Nous York » on tournait depuis1 mois seulement. »
Question 2: Du coup Baptiste ça fais quoi de passer de la scène au cinéma ?
« C’est vraiment cool, c’est aussi un autre métier totalement différent, mais encore une fois au début j’avais peur que ce soit pour moi un handicap mais l’avantage que j’ai, c’est que comme je n’ai pas pris de cours de théâtre… j’arrive je suis une page vierge et donc quand j’arrive sur un plateau cinéma, je suis totalement au service du métreur en scène et du film, je me tais et je suis là pour apprendre et je me mets au service du gars parce que ça aussi c‘est un truc que j’aime bien à la différence de la scène ou là je fais tout. J’aime bien me reposer sur quelqu’un aussi. Donc avoir quelqu’un derrière toi qui te félicite c’est une sensation que j’aime bien, le côté partage j’aime beaucoup »
Cela a été pour nous une très belle rencontre avec ces deux acteurs vraiment excellents dans le film tout comme face à face avec un humour vraiment génial, mais que je n’ai pas retranscrit ici sous peine d’avoir une interview écrite de 19 pages tant nous nous sommes amusé. Un grand merci à eux deux d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et surtout merci à Bubbling bulb pour cette rencontre.
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