Pour moi, ce film est définitivement à ranger dans la catégorie des films cultes tant il traite d’un sujet en avance sur son temps, et d’une manière qui influence encore aujourd’hui de nombreux cinéastes et réalisateurs. En effet, peu de films avant lui ont traité du sujet du poker, et aucun n’en avait fait le centre de son intrigue. Seuls quelques autres petits bijoux, et notamment L’Arnaqueur, avec Paul Newman, quelques années plus tôt, l’avait abordé. A l’heure où le Texas Hold’em envahit la planète, Le Kid de Cincinnati, réalisé par Norman Jewison, nous présente une autre variante du jeu, le stud poker, mais la même tension que lors des plus grands tournois de la planète.
Le film nous conte l’histoire de Eric Stoner, surnommé The Kid, et joué par Steve McQueen. Il est un joueur à succès dans la région de la Nouvelle-Orléans, et quand il apprend que Lancey Howard, surnommé The Man, et interprété par Edward G. Robinson, est en ville, il comprend qu’il s’agit là d’une opportunité unique d’affronter cette vieille légende du jeu, pour devenir à son tour le patron du poker.
Il convainc son ami Shooter (Karl Malden) de l’aider dans son entreprise. Celui-ci va alors organiser une rencontre entre Howard et un autre joueur de talent, William Jefferson Slade (Rip Torn), qui se fera plumer par The Man. En recherche de revanche, il demandera à Shooter de tricher en faveur du Kid lors de la partie qui l’opposera à Howard. Après un premier refus, Slade le forcera à accepter son offre en le menaçant de dévoiler les pratiques et la vie douteuse de sa femme, Melba (Ann-Margret).
La fameuse partie de poker sera d’anthologie. Alors que les concurrents sont éliminés un à un, il ne restera bien sûr que Stoner et Howard à la fin. Se doutant de quelque chose après quelques mains heureuses, Stoner va confronter Shooter, qui est le dealer de la partie, et lui faire avouer qu’il l’aide en lui distribuant les bonnes cartes. Stoner lui demandera alors d’arrêter de l’aider, voulant prouver qu’il pouvait battre The Man à la régulière. Devant son désaccord, Stoner s’arrangera pour remplacer son ami par Lady Fingers (Joan Blondell), qui distribuera alors normalement.
La main finale verra deux mains incroyables s’affronter, et la victoire du Man avec une quinte flush contre un full aux as. The Kid repartira fauché, mais intègre. En arrière-plan, une histoire parallèle avec la fille du Kid ainsi que la femme de Shooter vienne épaissir l’intrigue.
La force de ce film, datant de 1965, est qu’il nous parle d’un jeu qui est, à l’époque, loin d’avoir acquis la même popularité qu’aujourd’hui. Surtout, avec sa façon de filmer les visages des joueurs en plan serré, et de filmer la partie en général, Norman Jewison a généré des codes utilisés aujourd’hui, notamment à la télévision et sur internet, pour retransmettre toute l’intensité d’une partie de poker. Il a aussi influencé de nombreux cinéastes, et la fameuse scène de poker dans le James Bond, Casino Royale, est à relier directement à ca film.
A l’époque de la sortie du film, il avait quelque peu souffert de la comparaison avec L’Arnaqueur (The Hustler), qui suivait le parcours d’un joueur de billard, et dont la trame secondaire était peut être un peu plus étoffée et avec des personnages principaux plus torturés, L’Arnaqueur étant un véritable chef-d’œuvre. Mais il a tout de même séduit une grande partie des critiques et reçu plusieurs récompenses, notamment pour les rôles secondaires.
Pour moi, Le Kid de Cincinnati fait partie des films cultes dans la manière qu’il a eu d’anticiper un sujet avant tout le monde, et de le traiter d’une telle façon qui a défini le genre. La chanson du film interprété par Ray Charles est aussi un atout indéniable. Il est pour moi un classique du cinéma américain, et de Steve McQueen évidemment.
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