Twitter : #Boyhood @diaphana
Acteurs : Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater
Réalisateur : Richard Linklater
Date de sortie : 23 Juillet 2014 (2h45 )
Bande-annonce :
Certains évoquent (un peu comme chaque semaine) le terme Chef d’œuvre, d’autres évoquent une révolution dans le cinéma… Moi je vais dire que ce n’est rien de tout ça.
Bien entendu j’ai aimé Boyhood et oui c’était un pari osé que de tourner un film sur 12 ans pour ne pas avoir à changer les acteurs mais est-ce suffisant pour en faire un chef d’œuvre ? Définitivement non.
Le film regorge de bonnes choses et certaines mêmes excellentes à commencer par son histoire qui au fond n’en est pas vraiment une puisque à l’heure de la télé réalité qui n’a de réalité que le nom, ce film nous montrer finalement la véritable vie et de ce point de vue là, on ne peut pas vraiment parler de scénario original mais plus d’un scénario adapté. Et c’est une véritable innovation que d’avoir un scénario adapté de la vie et non inspiré de… Cette fois c’est la vie des comédiens qui a commandé le film (notamment les changements physiques de Ellar Coltrane, son piercing, ses coupes de cheveux etc) plus que le film qui a commandé les comédiens.
De ce point de vue là, certaines personnes pourraient bien s’ennuyer devant le film puisque pour beaucoup, on va au cinéma justement pour échapper à la vie, rêver et pas pour se retrouver devant celle ci. Au final ce qui fait la qualité du film fait aussi son défaut. Il ne faut en effet pas s’attendre à voyager, rêver ou être choqué par certaines choses puisqu’il n’y a absolument rien d’extraordinaire… Finalement comme dans la vie de 95% d’entre nous.
Même pour ce qui est de son héros principal, le jeune Mason, il a une vie plutôt classique et ne tombe pas dans la drogue, la violence, le meurtre ou toutes autres choses uniquement digne des téléfilms du jeudi soir à la télé. Sa vie est on ne peut plus que classique en 2014.
Arrive ensuite la performance technique et oui on ne peut que saluer ce choix d’étaler le tournage sur 12 ans plutôt que de se servir de subterfuges numériques ou de devoir changer d’acteurs pour interpréter un même personnage. Mais ne nous voilons pas la face, ce genre de performance est unique et risque de ne pas se reproduire d’aussi tôt car cela créée un engagement trop important et dans un univers (le 7eme art) où il est impératif de faire de l’argent facile et ce le plus rapidement possible, ce genre de cinéma ne pourra absolument pas dominer. Donc innovant mais pas révolutionnaire comme on aime à le dire. Pour être révolutionnaire, il faudrait qu’il lance une tendance… Qui ne viendra pas.
Parlons aussi des acteurs et là aussi on ne peut que saluer le travail excellent de ceux ci qui ont accepté de se replonger dans un même rôle chaque année et ce sur un laps de temps très long. On ne dirait pas comme ça mais 12 ans dans une vie c’est assez impressionnant. Mais surtout la performance se voit dans le fait que jamais les acteurs ne s’éloignent de leur rôle et une constance est présente. Ainsi on ne peut qu’espérer un retour en grâce de Patricia Arquette qui entre le début et la fin du tournage est passée de la jeune vedette en vogue à pratiquement has been et ce à tort comme elle le prouve justement en étant parfaite dans son rôle de mère. Elle est tout simplement bluffante d’authenticité.
Ensuite il y a Ethan Hawke qui même s’il ne parvient pas à donner autant d’intensité à son personnage que peut le faire Patricia Arquette, délivre quand même de beaux passages remplis de tendresse tangibles lors de ses moments avec ses enfants.
Que ce soit avec sa fille ou son fils, on le sent investi dans leur vie et offre ainsi d’excellents moments. Son personnage étant moins présent que celui de Patricia, c’est dans doute ce qui le pénalise un peu.
Enfin pour revenir sur Patricia, on notera sa crise de larme incroyable quand elle doit laisser partir son fils à l’université. Un passage vraiment touchant et une fois encore si fort en authenticité. Un moment incroyable qui mériterait à lui seul la nomination aux oscars pour cette fabuleuse actrice.
Et les enfants… Quel énorme risque que celui pris par Richard Linklater que de baser 12 ans de cinéma sur deux inconnus sans savoir s’ils alliant assurer sur la longueur. On a déjà vu des enfants stars devenir très mauvais en grandissant… Ciup de bol ici ce n’est absolument pas le cas et que ce soit le jeune Ellar Coltrane souvent cité ou l’injustement mise de côté par la presse, Lorelei Linklater (avec ses faux airs de Maggie Gyllenhaal), ils sont simplement nickel du début à la fin.
En réalité le plus gros regret en quittant la salle est que l’histoire ne se prolonge pas encore pour 12, 20, 30, 40 ans tant on s’attache aux personnages et qu’on aimerait bien les suivre dans leur vie.
Pour revenir donc au début de mon article, le film se voulant simple n’a pas la force de devenir un Chef d’oeuvre mais est sans discussion aucune un très grand film
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