Twitter : #exodus @20thCFox_FR
Acteurs : Christian Bale, Joel Edgerton, John Turturro, Aaron Paul, Sigourney Weaver, Ben Kingsley, Ben Mendelsohn
Réalisateur : Ridley Scott
Date de sortie : 24 décembre 2014 (2h30min)
Pour cette 9ème interprétation cinématographique de l’histoire de Moïse, c’est Ridley Scott qui est aux commandes. Le réalisateur du célèbre péplum Gladiator, ou encore Robin des Bois, nous livre avec Exodus: Gods and Kings, une version revisitée, sa version, de l’épisode biblique.
Il n’est jamais très évident de réaliser un film sur une histoire déjà adaptée d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un personnage historique, biblique. Pourtant Ridley Scott s’en sort plutôt bien.
Tourné au Mexique, à Almeria en Espagne, à Fuerteventura aux Iles Canaries et dans les studios britanniques de Pinewood, Exodus: Gods and Kings nous offre de superbes images. La majorité des plans, comme le souligne Christian Bale lors de la conférence de presse parisienne, fut réalisés dans des environnements naturels ou dans des reproductions de 10-15 mètres de haut. L’utilisation de fonds verts fut ainsi très limitée permettant une parfaite immersion des acteurs. Et cela se ressent à l’écran.
« La première partie du tournage était au Palais. Tout se déroulait dans les intérieurs, on pouvait tout toucher. Il y avait des écrans verts pour des frises par exemple, on demandait alors à Ridley ce qu’on devait voir et il nous le dessinait. » Christian Bale
Côté casting, Christian Bale incarne parfaitement le rôle de Moïse. Le travail en amont effectué par l’acteur se fait sentir. Il lu plusieurs fois l’Ancien Testament pour comprendre ce personnage au final très complexe et (re)visionna le film de Cecil B. de Mille. Joel Edgerton, dans le rôle de Ramses, refusa de revoir la prestation de Yul Brynner dans Les 10 commandements ne voulant pas s’inspirer de l’acteur afin d’essayer de « fixer les choses ». Nous en sommes ravis ! Il arrive à faire ressortir le côté humain de son personnage tout en gardant l’aspect « didacteur ». Même si Ramses est méchant d’un point de vu éthique, il n’en reste pas moins un homme, un père.
La BO, signée Alberto Iglesias, à qui on doit notamment celle de The Reader ou, plus récemment, celle de The two face of January, est à la hauteur du reste. (Et parce qu’on l’aime vraiment beaucoup, on vous la mise à la fin de cet article.)
Mais voilà, il fallait qu’il y ait un mais… Il reste très difficile, quand on a vu Les Dix Commandements de Cecil B. de Mille (1956) avec Charlton Heston de ne pas faire de comparaisons et de critiques sur le choix de la réalisation.
« Je me suis concentré à vraiment ajuster les choses à ma vision. J’ai mis un peu de moi-même sur ce que devait être cette vision de l’histoire. » Ridley Scott
Le film débute sur « une sorte d’encyclopédie d’informations au sujet de ce personnage et de cette époque ». L’enfance de Moïse n’est donc pas présentée. On rentre directement dans sa phase d’adulte. Mais cela n’enlève rien l’histoire. Il aurait d’ailleurs été beaucoup trop long de développer cette première partie.
Là où les différences deviennent flagrantes et sont, pour ma part, dérangeantes c’est sur l’adaptation des plaies d’Egypte. En effet, Ridley Scott voulait ancrer la réalité dans cette histoire. Ainsi tout se retrouve explicité. Il va jusqu’à « introduire » un personnage scientifique (très secondaire) donnant une explication sur tel ou tel fléau. Dans cette lignée, le fait d’incarner Dieu en un vrai personnage (je vous laisse apprécier en quoi d’ailleurs) me paraît un choix étonnant. De plus, à tout rationnaliser on se retrouve face à une image de Moïse en contradiction avec celle que j’ai pu connaitre aux travers du texte original ou des films précédents. Ici, Moïse apparait comme « simple spectateur ». Certes, il est le messager de Dieu. Mais il observe (de loin) et subit les actes de ce dernier sans y prendre part. A tel point que je me suis demandée en sortant de la salle si ce Moïse n’était pas tout simplement schizophrène (quitte à vouloir tout expliquer, pourquoi ne pas le faire aussi sur sa relation avec Dieu). On oublie alors le Moïse avec son bâton qui change l’eau du Nil en sang ou qui écarte la mer pour y frayer un passage. Tout est une sorte de grande « catastrophe naturelle », une rébellion des éléments. Ce Moïse à la fois leader et passif m’a beaucoup dérangée. Il en est de même pour certains plans de la fin que j’ai trouvé de trop. Trop dans les effets. On aurait pu s’en passer très largement.
Exodus: Gods and Kings est un film à voir, et à voir sur grand écran ! La touche de Ridley Scott est très présente, et on note son bon goût dans l’adaptation de péplum avec des images toujours plus impressionnantes et une musique qui enrichit le tout. Les quelques « défauts » ici restent un point de vue purement subjectif. J’attends d’ailleurs vos avis à ce sujet : dites moi si vous avez été ou non gênés comme j’ai pu l’être.
BO Exodus: Gods and Kings
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