Critique de The Substance

The Substance

9.3

Scénario

9.4/10

Casting

9.7/10

Réalisation

9.2/10

Bande originale

9.0/10

Les pour

  • Intelligent
  • Original
  • Culotté

Twitter : #TheSubstance

Titre VO :

Réalisatrice : Coralie Fargeat 

Acteurs : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid

Durée : 2H20

Date de sortie : 6 novembre 2024

Le film The Substance a suscité l’attention à Cannes et aux États-Unis avant d’atteindre enfin nos salles. Quoi qu’il en soit, le temps n’aura pas d’effet sur lui et The Substance continuera pendant longtemps de faire parler de lui, car rien ne nous aura préparé à un tel film !

Est-ce une comédie, un film sociétal, une romance (avec soi-même), un film d’horreur, un film érotique ?

Il est évident que toutes ces questions sont abordées pendant les deux heures vingt que dure le film, mais on peut déjà affirmer que la qualité de l’écriture ici est remarquable, car chaque aspect est minutieusement traité.

Dans sa première partie, le film veut dénoncer l’apologie de la jeunesse ou la mort visuelle dès un certain âge, en mettant en scène le personnage de Demi Moore qui, ne semble plus « susciter l’intérêt » des jeunes spectateurs devant leur télévision. Mais rapidement, le film va alors dévier vers une approche un peu érotique et excitante, tout en nous emmenant vers ce qu’il dénonce.

Découvrir Margaret Qualley sous toutes les coutures, dansant et se remuant pendant les scènes d’aérobic ne peut qu’émoustiller la gente masculine (et féminine pour qui apprécie), d’autant que cela est filmé de manière à nous transporter vers cette excitation recherchée par les médias, ici même dénoncée. Faut-il alors se sentir coupable d’apprécier ces images, de trouver effectivement sexy, voire excitant ce qui est proposé à l’écran, ou alors devons-nous rejeter en bloc cette exposition de la jeunesse fraîche et sexualisée… ?

Forcément, la bien-pensante voudrait que l’on soit choqué par la manière dont le corps est montré, utilisé pour faire de l’audience (ici le produit d’un producteur télé atroce), néanmoins on se dit que l’on vit depuis toujours dans ce monde et que l’érotisme et la sensualité dégagés par ces images sont également bénéfiques d’une certaine façon. Après tout, L’érotisme et la sensualité font partie intégrante de l’imaginaire et offrent de magnifiques sensations. Sommes-nous dès lors responsables des décisions choisies par les producteurs, ici représentés par Dennis Quaid?

Après avoir traversé ces moments captivants, émoustillants, The Substance va dès lors prendre une tournure assez étrange que l’on ne peut divulguer ici, sous peine de vous gâcher la surprise et surtout les intentions derrière ce film.

On peut juste dévoiler que Coralie Fargeat est aussi talentueuse dans l’érotisme que dans l’horreur et qu’aucun extrême n’est ici épargné. Les personnes les plus vulnérables à la vue du sang auront du mal à garder les yeux ouverts.

Cependant, le gore et l’horreur présentés dans cette seconde partie ne sont pas offerts gratuitement, mais plutôt, comme pour l’érotisme du début, afin de dénoncer ou tout au moins nous informer sur les risques que peut représenter ce besoin constant d’exister, d’être beau, belle, jeune, afin de nourrir les médias qui recherchent et diffusent cette finalement image idéale et désirable. Nous sommes autant le problème que la solution.

Afin de donner vie aux trois personnages principaux, il est impossible de ne pas applaudir l’exceptionnelle Demi Moore qui démontre qu’à l’âge de 60 ans, on peut toujours être séduisante et prendre des risques en tant qu’actrice. La talentueuse Margaret Qualley démontre de son côté une aisance remarquable face à son aînée, tout en crevant l’écran grâce à sa beauté et à son jeu. Enfin, Dennis Quaid nous délivre une performance remplie d’horreur qui reflète notre société que nous cherchons à condamner (tout en étant souvent hypocrite).

Coralie Fargeat propose de magnifiques images à son travail, et même si parfois on peut ressentir que les moyens n’étaient pas ceux d’un grand blockbuster hollywoodien (certains décors assez peu fournis, certains plans un peu pauvres), cela ne dévalorise en rien ce film et lui confère un cachet qui correspond parfaitement au sujet. En ce qui concerne le rythme, rien à redire : si au début les deux heures annoncées peuvent être effrayantes, elles s’écoulent rapidement et on ne ressent aucun moment de vide ou même de simple flottement.

Reste une bande originale réussie et un remix de Pump it up par Endor qui reste en tête et nous renvoie vers les images de Margaret Qualley en mode « Fitness ».

The substance est une incroyable réussite qui dénonce des choses tout en se jouant des codes et des spectateurs, puisqu’il nous emmène exactement vers ce qui est dénoncé… Intelligent ! 

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