Twitter: #LaBatailleDeSolferino @mycineplus
Acteurs: Laetitia Dosch, Vincent Macaigne, Arthur Harari
Réalisatrice : Justine Triet
Date de sortie: 18/09/2013 (1H34)
6 mai 2012, Solférino. Laetitia, journaliste télé, couvre les présidentielles. Mais débarque Vincent, l’ex, pour voir leurs filles. Gamines déchaînées, baby-sitter submergé, amant vaguement incrust, avocat misanthrope, France coupée en deux : c’est dimanche, tout s’emmêle, rien ne va plus !
« La bataille de Solférino » a d’ores et déjà, avant sa sortie en salles, remporté un vif succès lors de festivals qui ont eu lieu ces derniers mois, avec quelques récompenses à la clé. C’est à l’invitation des équipes de Ciné + que j’ai eu le plaisir d’assister à une projection du film dans leurs locaux, suivie d’un débat avec la réalisatrice Justine Triet et l’actrice principale du film Laetitia Dosch.
Laetitia est journaliste à iTélé. Nous sommes le dimanche 6 mai 2012 et elle se prépare à une grosse journée de travail : elle doit partir avec une équipe de la chaîne d’informations pour couvrir le second tour de l’élection présidentielle, depuis les sièges de l’UMP et du PS, en intervenant régulièrement en direct pour décrire ce qui se passe autour d’elles et interroger des militants. Mère de famille divorcée, elle doit confier ses deux jeunes enfants à un jeune baby-sitter qu’elle ne connaît pas, et qu’elle submerge d’instructions et autres recommandations lorsqu’elle reçoit un coup de fil… Paniquée, elle fonce à la fenêtre et comprend que la journée va vraiment être très compliquée… Vincent, père de ses enfants, est en bas de chez elle avec la ferme intention de dialoguer un peu avant de voir enfin ses enfants, ordonnance du juge en poche. Mais Laetitia ne l’entend pas ainsi, et demande au baby-sitter de ne surtout pas le laisser entrer, il est dangereux et n’a pas le droit ! Bien entendu, le père éconduit ne l’entend pas de cette oreille et profite du départ de Laetitia (très en retard) et de la timidité du baby-sitter pour s’inviter dans l’appartement et voir ses enfants. Lorsqu’elle finit par l’apprendre, Laetitia demande au jeune homme de prendre les enfants avec lui et de venir la rejoindre où elle risque de passer le restant de la journée : rue de Solférino. Voilà comment la mère-journaliste va devoir gérer en même temps ses directs, ses enfants et son ex qui ne lâche pas l’affaire, le tout au milieu d’une foule de militants et à quelques heures seulement du verdict de la Présidentielle…
Voilà un film des plus originaux, et particulièrement bien réussi. En choisissant de tourner une bonne partie de ses scènes le 6 mai 2012, avec une vraie foule de militants (pas réellement conscients qu’un long-métrage se tournait sous leurs yeux, parmi les nombreuses équipes de tournage des chaînes de télévision), en devant souvent improviser et bricoler, Justine Triet ne s’est vraiment pas facilité la tâche… Mais le résultat est des plus convaincants, on a l’impression de se retrouver au coeur d’un documentaire avec de vrais gens. La seule différence, c’est que les personnages principaux jouent une fiction… Des scènes très réalistes donc, au cours desquelles on se demanderait même si Laetitia Dosch n’est pas réellement journaliste tant elle semble gérer les diverses situations, les aléas de la foule, du direct, tout en devant contenir ses émotions personnelles de mère de famille. Mais tout le film ne se déroule pas dans la rue. Une fois la journée terminée, un nouveau président élu, des échauffourées plus ou moins contenues, Laetitia rentre enfin chez elle, crevée, exténuée, et espère ainsi libérer le baby-sitter (qui a fini par ramener la progéniture à la maison), se coucher et attendre son amant. Mais quelqu’un frappe à la porte : Vincent accompagné de son « avocat » d’ami, venu pour les aider à trouver une solution au problème du droit de visite. Commence alors un véritable règlement de compte entre deux parents divorcés, sous les yeux d’un ami et à quelques mètres de la chambre ou les enfants sont endormis. Des scènes jouées à merveille par ce duo d’acteurs (Laetitia Dosch, Vincent Macaigne) convaincants, touchants, et talentueux.
Ce film n’est certes pas « grand public » (il ne plaira pas forcément à tout le monde) mais je l’ai vraiment beaucoup aimé. On y retrouve un ton inhabituel, une mise en scène qui a du s’adapter très rapidement et instinctivement aux conditions de tournage, et un jeu d’acteurs qui est l’une des principales forces du film. « La bataille de Solférino » n’a rien d’un film politique (et c’est, pour ma part, tant mieux), mais décrit sur fond d’événement politique des scènes de la vie courante, le couple qui se déchire, les parents divorcés, les enfants au milieu de la bataille… Une réalisation avec beaucoup de fraîcheur, de l’humour, et au final une grande justesse.
Un grand merci à Jean-Luc et Ciné +
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