Alors qu’il fait froid dehors et qu’il se prépare à rentrer dans notre bonne belgique via le train, Quentin, leader du groupe Dalton télégramme nous a rencontré dans un bar non loin de la gare et ce autour d’une bière !
On est belge et ça ne changera pas !
Si l’on a parlé de nos accents respectifs, des promotions du Thalys et de la vie parisienne vis-à-vis de celle plus paisible à la maison (car oui je reste définitivement belge), c’est avant tout pour parler musique et de leur excellent album « Victoria » que la rencontre était prévue.
Voici notre interview :
Z : Qui est Dalton Télégramme et d’où vient ce nom ?
Quentin : Au départ on était un groupe de 4 mecs, de la région liégeoise en Belgique. Notre style était essentiellement folk, blue grass, mais on a eu envie avec ce nouvel album d’un rendu plus varié, plus pop. Avec ce nouvel opus on a également ajouté un nouveau membre, féminin cette fois. Il s’agit de Fanny qui jouait avec le groupe Faon Faon. Quant au nom Dalton Télégramme, il tire son origine d’Oversas telegram de Gainsbourg ainsi que du fait que l’on était 4 mecs. On est passé devant un grand miroir et cela nous a amusé de ressembler aux Dalton.
Z : Concernant Fanny, faut-il la considérer comme membre à part entière maintenant ou simplement comme invitée sur cet album ?
Quentin : Totalement comme membre du groupe. On avait mis des voix féminines sur nos maquettes et quand on est allé en studio, on a trouvé avec le directeur artistique que d’avoir une voix féminine était une bonne idée et cela nous a encouragé à trouver une voix féminine permanente au groupe. Suite à cela, on avait eu des tournées avec le groupe faon faon et surtout on avait gardé de bons contacts avec Fanny que l’on a invité en studio. Lors des enregistrements et bien on a remarqué que c’est comme si elle avait toujours été là et que tout était naturel entre nous. Donc oui Fanny est membre de Dalton Télégramme.
Z : Concernant l’album, peux-tu nous dire qui est Victoria ?
Quentin : En fait Victoria vient du fait que j’avais envie de proposer une chanson sur les femmes de footballeurs. Et notre Victoria représentait « LA femme de footballeur » par excellence. Ensuite on s’est rendu compte que Victoria pouvait être lié à la déesse Victoria, signe de féminité et d’ambition et cela correspondait à ce que l’on avait envie de faire avec cet album. Quelque chose de plus sophistiqué.
Z : Si l’on prend l’idée de la chassons sur les femmes de footballeurs, qu’est-ce qui t’a donné envie de parler de celles-ci ?
Quentin : Je m’inspire un peu de ce que je fais au quotidien. Je lis un article et ça va m’inspirer, je rencontre gens et cela me donne des idées et ainsi de suite. Pour Victoria, c’est venu alors que je regardais une émission de télé sur les femmes de footballeurs. L’émission mettait en avant l’aspect un peu tragique et emprisonné des femmes de footballeurs et cela m’a inspiré. Personnellement j’aime quand il y a des choses tragiques et néanmoins avec lesquelles ont peut rire, car dans le fond ce n’est pas si grave. J’aime m’exprimer dans le second degré et cela m’amuse. Tu dois sans doute connaitre, mais si tu regardes l’émission belge Strip-tease, c’est exactement ça, à savoir des fois des sujets qui semblent tragiques, mais qui au fond nous font nous marrer, car tellement dans l’excès, la dérision et le second degré.
Z : Autre chanson sur l’album qui retient l’attention, « Pourvu qu’elle s’en lasse » sur l’abus des likes etc sur Instagram and co… Pas fan des réseaux sociaux ?
Quentin : Si je l’utilise un peu, mais je ne suis pas spécialement fan, car malheureusement on ne peut pas dire que ce soit toujours vecteur de poésies. Parfois les réseaux sociaux peuvent être vu comme une parodie. Par exemple les gens vont souvent mettre des photos avec de grands sourires etc alors qu’au fond ils sont au moins 50% du temps… triste. C’est ironique, un peu pathétique parfois, mais c’est aussi ça le truc avec ces réseaux-là, à savoir qu’il faut montrer bonne figure pour gagner des Likes. Après attention, ce n’est pas une critique Anti réseaux, car le monde actuel fonctionne avec ça, faut vivre et accepter ce monde-là même si on ne peut pas adhérer à tout. Cela m’inspire.
Z : Et est-ce que cette chanson est inspirée par ton vécu ? Une relation personnelle ?
Quentin : Non, parce que je suis fidèle en amour et ma compagne avec qui je suis depuis très longtemps n’es pas particulièrement accro à ça. Je me suis inspiré en fait de jeunes que je côtoie souvent. A côté du groupe, je suis professeur de musique dans une école et je vois régulièrement des ados être accrochés au portable, faire des photos, attendre les like etc… Cette attente de la notification.
Z : A l’écoute de « Si tu reviens, j’annule tout« , on retrouve cet aspect Americana, Western des débuts. Malgré l’évolution avec Victoria, ce côté US est toujours là…
Quentin : En fait au départ cette chanson était encore plus « Western ». Il faut savoir que l’on ne s’interdit absolument rien et que rien n’est calculé. En live on va parfois jouer des morceaux super americana tout comme on proposera sans doute encore d’autres morceaux de ce style là par la suite. Il se trouve que cet opus-ci est plus pop, mais on ne renie en rien nos origines musicales et on varie les plaisirs.
Z : Et qu’est-ce qui a motivé cette évolution des sonorités vers quelque chose de plus accessible, plus pop ?
Quentin : Une simple envie d’avancer. On a un coup de coeur pour la musique américaine et cela se ressent sur le premier album, mais comme tous les coups de coeur, cela s’estompe avec le temps et même si l’on aime toujours ça, on avait forcément envie aussi d’autres choses, d’explorer, innover et de fait avancer. Ici avec Victoria, nos envie nous ont menées vers quelque chose de plus pop, mais de façon naturelle.
Z : Et dans ces envies d’explorer, peut-on par exemple envisager un album très électro de Dalton Télégramme ?
Quentin : Je pense que malgré tout on restera dans ce que l’on fait là, car proposer un album très électro demande du savoir faire qui n’est pas le nôtre. On vient nous de l’esprit Local de répetition, instruments classiques etc et donc on n’a pas dans l’idée d’aller essayer de faire quelque chose dont nous ne sommes pas capables. Par contre et dans ce que l’on prépare déjà en ce moment, je peux dire que l’on va vers des titres plus énergiques. Les choses peuvent évoluer, mais les nouveaux titres ont cette couleur là.
Z : Comment sont choisis les singles d’un album ?
Quentin : On a une grande chance de notre côté, c’est celle d’être dans une petite structure. Notre manager dirige la boite et échange avec nous constamment. C’est pour ça qu’il est aujourd’hui ici, du voyage avec moi. On discute donc de choses et d’autres et notamment des singles. Si tu prends le choix de « Sparadrap » en premier single, c’était un choix effectué pour directement dévoiler notre « nouveau » son. On n’avait pas envie de partir avec un titre trop proche de ceux du premier album et changer progressivement vers des titres plus pop, mais bien de directement montrer nos nouvelles envies, nos nouvelles sonorités et ce sans faire de détour. De plus aujourd’hui il y a parfois des Singles 0, des montées en puissances etc. Et de notre côté on ne voulait pas jouer ainsi et y aller directement. Nous ne sommes pas stratèges ou marketing à fond. On se concentre simplement sur le plaisir de la musique et de fait on a dit allons y…
Z : Des concerts prévus sur Paris ?
Quentin : On y travaille, mais ce n’est pas simple. Il faut savoir que lorsque l’on a une petite structure comme nous et bien ces choses demandent du temps et ce n’est pas toujours évident à gérer… De plus sur Paris, il y a tellement de spectacles chaque soir, d’artistes partout qu’il faut réfléchir à la bonne date, la bonne salle pour éviter de voir trop grand ou trop petit et ainsi de suite que oui c’est compliqué. Mais évidemment on aimerait venir jouer à Paris.
Z : En effet depuis que je suis à Paris, je regrette de ne pas voir plus d’artistes belges et même liégeois pour être plus précis venir par ici alors que notre ville a un vivier de talent incroyable.
Quentin : On ne demande pas mieux tu sais que de venir, jouer et je pense que c’est la même chose pour nos confrères belges et liégeois. Après avec le streaming etc, au moins on peut déjà faire et partager notre musique ce qui est déjà une belle chose. Après on n’est pas loin de la Belgique en Thalys donc faut venir à nous… Là on va prochainement jouer au Reflektor à Liège (le 8 février 2020) puis d’autres dates vont aussi s’ajouter.
Z : Profitons en donc pour mettre un peu avant la musique liégeoise ou belge… As tu des recommandations ?
Quentin : J’aime beaucoup le groupe rock Balthazar même s’ils n’ont pas vraiment besoin de moi pour cartonner et être connu. Déjà il y a mon frère qui se nomme François Bijou qui propose des trucs un peu fous et qui fait son bonhomme de chemin. Ce serait cool qu’il puisse traverser encore plus les frontières.
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