Depuis cet après midi, l’Étrange Festival s’est installé au Forum des images à Paris. En première projection, un film israélien percutant : Big Bad Wolves, de Aharon Kkeshales et Navot Papushado.
Synopsis : Tabassé par la police afin de lui soutirer des aveux, Dror, un jeune enseignant religieux, est finalement relâché. La police continue de traquer un tueur en série qui s’attaque à de jeunes filles. Seul Miki, un flic renvoyé pour son erreur, persuadé de sa culpabilité, continue de le suivre et découvre que Dror est également la cible de Gidi, le père de la dernière victime du tueur, bien décidé à faire justice lui-même…
Deuxième réalisation de Aharon Kkeshales et Navot Papushado, Big Bad Wolves est un film bien plus profond qu’il n’y paraît sur le papier. Il n’est pas question ici d’une simple histoire de vengeance… S’inspirant du fameux conte du Petit Chaperon Rouge (Big Bad Wolf), le film dresse le portrait de la violence dans ce qu’elle est de pire : viol, torture, barbarie, meurtre, le spectateur est vite plongé dans une réalité atroce. Un meurtre non élucidé, un coupable idéal et une libération, il n’en faut pas plus pour attiser les envies de vengeance et que la victime prenne rapidement le rôle de bourreau pour trouver des réponses et espérer apaiser sa haine.
Malgré la noirceur du propos, le film regorge de passages lumineux et ne manque pas d’humour, ce qui ne fait que renforcer l’horreur et souffle un chaud froid qui tient en haleine. Le tout est ponctué de symboles forts qui rappellent les blessures d’Israël, le bourreau utilise une arme allemande et écoute du Wagner, le Palestinien redouté apparaît comme le cavalier blanc au milieu du chaos. La force du film est aussi nourrie par des dialogues soignés et une réalisation précise, auxquels s’ajoute une musique qui incarne la peur et l’angoisse de ses hommes en huit clos redoutablement efficace.
Percutant et magnétique, Big Bad Wolves est tout aussi épatant qu’il est dérangeant. Pendant 1h50 le spectateur est malmené avec brio et garde le souffle coupé quand la fin arrive, trop vite. Sans dénouement véritable ni épilogue il laisse chacun avec ses propres conclusions. Avec ce deuxième essai Aharon Kkeshales et Navot Papushado prouvent qu’ils sont bien décidé à continuer de bousculer le cinéma israélien !
Big Bad Wolves sera de nouveau projeté le 11 septembre à 20h30, en version originale sous titrée en anglais.
L’Étrange Festival, du 5 au 15 septembre 2013 au Forum des Images.
Forum des Halles, 2 rue du cinéma. Paris 75001.
www.etrangefestival.com
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