Twitter : #MatrixResurrectionsLeFilm @WarnerBrosFr
Titre VO :
Réalisateur : Lana Wachowski
Acteurs : Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Yahya Abdul-Mateen II
Durée : 2H28
Date de sortie : 22 décembre 2021
Souvenez-vous, c’était en 1999, la saga Matrix débutait et laissa son emprunte indélébile sur la pop culture depuis. Deux autres films sont donc sortis après le succès du premier, le dernier en date étant sorti en 2003. C’est donc 18 ans plus tard que les acteurs reviennent dans un quatrième film, un pari risqué mais payant ?
La nostalgie ça a parfois du bon, il est toujours agréable de replonger dans ce qu’on a tant apprécié, mais peu sont les remakes, les suites ou reboots qui ont apporté quelque chose de mieux à l’oeuvre originale. Malheureusement, c’est probablement le cas de Matrix Resurrections. En effet, si le film n’est absolument pas déplaisant à regarder, il est bien trop rattrapé par son passé encore trop présent. Pendant tout le long-métrage les clins d’oeils n’ont de cesses d’apparaître, parfois en servant l’histoire, mais la plupart du temps en la desservant au point où ce nouveau film ne s’émancipera jamais.
L’idée générale du film est bonne, on est sur une histoire d’amour passionnelle qui dépasse la réalité et l’alchimie entre Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss est toujours aussi présente. C’est d’ailleurs cette dernière qui se détache le mieux du lot, elle crève littéralement l’écran à chaque fois qu’elle apparait. Le duo est la véritable force du film, Keanu Reeves est peut être un peu en deçà de ce qu’on pourrait espérer, non pas à cause de son jeu, mais plutôt à cause du matériel qui lui est donné dans ce nouvel opus. On notera le changement d’acteur pour Morpheus, interprété cette fois par Yahya Abdul-Mateen II et non plus par Laurence Fishburne. Le recast est expliqué, il y a une raison dans le film, mais on comprend très peu l’intérêt d’un tel choix. En effet, en plus de ne rien apporter réellement à l’histoire, le personnage perd de son charisme avec cette nouvelle interprétation. De nouveaux personnages sont introduits, d’autres ont évolué ou sont liés à d’anciens personnages, mais très peu s’en sortent au point d’attirer notre attention ou d’en vouloir plus d’eux.
Matrix est également connu pour son style particulier, que ce soit par ses longs manteaux, ses lunettes de soleils très 1999, ses coiffures, ses effets spéciaux, ses décors… Oui, le film ne perd pas de sa superbe et honore son passé, mais il ne l’élève pas à un niveau supérieur. Il y a quelques modifications, des lunettes plus modernisées, des coiffures impressionnantes, de nouveaux robots au design discutables pour certains, mais rien qui vient dépasser l’original. Pourtant nous sommes 18 ans après, avec des moyens supérieurs surtout au niveau des effets spéciaux, mais le premier film était tellement précurseur dans son domaine qu’il est peut-être trop difficile de faire plus. Ça aurait pu ne pas être un problème s’ils n’en parlaient pas dans le film, cette volonté de dépasser la trilogie originale et les effets spéciaux notamment de la scène avec les balles et Neo qui les évites. De fait, on attend sans cesse une scène qui viendrait rivaliser avec celle-ci ou même la mettre au placard, mais elle n’arrive jamais. Si les combats en eux-mêmes sont divertissants, parfois impressionnants notamment et surtout sur la fin, aucun n’arrive à s’imposer réellement au point d’en devenir culte. De plus, la façon de filmer est un peu trop vibrante, il est parfois difficile de suivre la scène.
En soit, l’esthétisme d’un Matrix était présente, nous avons de très belles images et un univers si riche qu’on en veut toujours plus. Mais peut-être que mes espérances étaient trop hautes car ce Matrix n’atteint jamais ce point culminant tant attendu. Il jouera avec le spectateurs, nous sommes tout de suite embarqué entre ces deux mondes, perdu à l’image du protagoniste principal mais pas assez « fou » ou poussé pour un Matrix. La bande-originale composée par Johny Klimek et Tom Tykwer est à l’image du film, à certains moments elle explose vraiment et à d’autres elle est trop discrète, on est sur des musiques mitigées dans l’ensemble.
Matrix Resurrections est en fait la résurrection de la nostalgie, il ne propose pas de neuf (ou très peu) et s’est enfermé lui-même dans son passé. Le scénario est trop faible pour que ce quatrième film soit essentiel à la saga, son intérêt sera peut-être de relancer la matrice pour des épisodes plus conséquents et importants parce qu’il y a le matériel pour. Les mots ne sont plus aussi judicieusement choisi, la morale et la réflexion ne sont plus aussi intrigantes et profondes. Est-ce un énième film introductif ? Ma réponse serait positive, il y a des promesses faites et on a envie d’y croire, de retrouver ces personnages, mais c’est une chance manquée. Les bonnes idées ne sont pas assez présentes, assez exploitées. Toutefois, c’est un bon divertissement qui souffre peut-être de la comparaison de ses prédécesseurs (surtout de la version de 1999). Il aura pour intérêt de remettre au goût du jour la science fiction dans un univers de cyberespace et permettra un cinquième film qui pourra enfin assumer la teneur en philosophie du premier. Peut-être un spin-off sur Trinity ?
Rendez-vous dès demain, le 22 décembre, au cinéma pour une nouvelle aventure dans la matrice !
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