Nouvelle interview pour le site et pas n’importe laquelle puisque nous avons pu interroger Nyls qui effectue un retour remarqué après 6 ans d’absence.
C’est en effet via le single « Somebody else » que le jeune artiste a amorcé un nouveau pan de sa carrière déjà bien remplie et sur laquelle nous sommes entre autre revenu lors de notre échange.
Une interview riche en informations et notamment concernant son excellent album « Echoes of blues«
Z : Echoes of blues n’est pas votre premier album, en quoi celui-ci est différent des précédents ?
Nyls : J’ai pris beaucoup plus de temps pour le faire que les précédents je dois dire. Il est arrivé à un moment de ma vie peut-être un peu plus douloureux que les autres, mais je suis sincèrement heureux d’en être arrivé à terme ! J’aime énormément ce disque, je pense qu’il aura toujours une place particulière dans mon cœur.
Z : Pourquoi une si longue absence ?
Nyls : Encore une fois, je crois que j’avais vraiment besoin de me réapproprier ce temps de création, me sentir vraiment libre dans la musique que je créais et dans les textes que j’écrivais. Ce fût un vrai luxe pour moi, car pour les précédents albums, le cadre était beaucoup plus rigide et rapide en ce qui concernait leur logistique de production. Cette fois-ci, j’ai pris le temps de voyager, d’écouter beaucoup de musique et de faire énormément de démos avec Lamberjack, l’un des principaux producteurs de l’album, avant de donner une direction musicale à ce dernier.
Z : En 6 ans le paysage musical a inévitablement évolué, qu’elle est la chose qui selon vous a changé le plus ?
Nyls : Je pense que les schémas de consommation de la musique ont incroyablement changé ces dernières années. Le streaming pousse inconsciemment à ne plus vraiment prendre le temps de se plonger dans l’univers d’un album et/ou d’un artiste, et ce, pour plusieurs raisons: il y a tellement d’albums qui sont proposés chaque jour, que cela peut perdre un peu l’auditeur. Et puis le fait de ne pas passer par l’objet en tant que tel que pouvait être le CD par exemple, a, comme aussi brisé un lien entre l’artiste et son public. Heureusement, certains supports reviennent en masse comme le vinyle ! Ce qui m’attriste, c’est que souvent, beaucoup ne réalisent pas la somme importante de travail qui a été fournie par l’artiste et ses équipes pour produire un album. Il est réellement difficile de nos jours de trouver des labels qui misent sur la durée lorsqu’il s’agit de promouvoir un album et son artiste, et je me sens particulièrement privilégié en 2021 d’avoir autant de soutien de la part de mon label, Atlantika Music.
Z : Comme de nombreux artistes, vous changez de maison de disque en rejoignant Atlantika Music. Pensez-vous que dans le monde actuel, il est difficile de rester au même endroit toute une carrière ?
Nyls : Pour rebondir sur la question précédente, j’ai énormément de chance d’avoir signé chez Atlantika Music, qui dès le début m’ont fait part de leur volonté de donner le temps à cet album de rencontrer son public. Je pense que ce qui fait la différence en terme de longévité est l’authenticité qu’un artiste a dans ses créations. J’ai toujours écris mes texte et souvent co-composé la musique. Mettre un peu ou beaucoup de moi dans mes chansons est une évidence à chaque fois. Peut-être que mon public le ressent, je ne sais pas, je l’espère en tout cas.
Z : Que vous apporte ce changement vis-à-vis de votre ancienne maison de disque ?
Nyls : Je me sens beaucoup plus respecté et écouté en tant qu’artiste. Olivier Chalumeau, mon directeur de projet sait me conseiller tout en me laissant une immense liberté dans mon processus créatif, là où avant, ça n’était pas forcément le cas avec mon ancienne équipe. Et puis j’ai la chance de continuer à travailler avec Marco Contini, mon directeur artistique, qui a une vision incroyable en terme d’image. Je crois fondamentalement que l’on ne fait rien seul. J’ai beaucoup de chance d’être bien entouré.
Z : Vous n’avez pas été épargné par la « Bonne moralité » qui existe depuis quelques années; entre censure et plainte vis-à-vis de vos textes, pensez-vous qu’aujourd’hui il soit compliqué de s’exprimer librement ?
Nyls : C’est effectivement devenu quelque chose de très complexe. De manière générale nous vivons dans une société qui tend à ne plus nous donner le temps de la réflexion. Personnellement j’ai besoin de temps pour tenter parfois, et je dis bien parfois, et non systématiquement, d’arriver à me construire une opinion. Mais je pense qu’il est le devoir de chacun de militer pour se réapproprier ce temps de pensée, et ne pas avoir peur de l’exprimer plutôt que de tomber dans les raccourcis simples et non-sourcés.
Z : Est-ce qu’après ces déboires, on envisage son travail en s’auto-censurant en amont ? Est-ce que ces mauvaises aventures laissent des traces ?
Nyls : Je ne peux parler qu’à titre personnel bien entendu, et ma réponse est non. Il est absolument inenvisageable pour moi de m’autocensurer. Après il faut savoir distinguer la provocation utile du reste. Provoquer pour provoquer, non, cela n’a pas de sens. Mais il est hors de question pour moi de porter atteinte à mon intégrité artistique.
Z : Lorsque vous sortez un projet : Tout est au point avec une qualité visuelle des supports et des photos promo au top. Est-ce important aujourd’hui d’associer une image sans accroc à la musique pour sortir du lot ?
Nyls : Cela a toujours été d’une priorité et importance majeure pour moi. Petit, j’étais déjà fasciné par les artistes qui se distinguaient par leurs looks, leurs pochettes de disques. J’avoue que je ne prendrais pas le même plaisir à publier des disques sans apporter ce soin là qui est en plus un moyen d’expression non négligeable. Les textes et les musiques disent beaucoup certes, mais l’image aussi, car finalement c’est ce que beaucoup voient en premier avant même d’écouter votre musique. Et puis comme je l’ai précédemment dit, j’ai la chance d’avoir rencontré Marco Contini, sans doute l’un des graphistes italiens les plus renommés, qui a travaillé pour Laura Pausini, 883, Irène Grandi, Paola & Chiara, The Doors… et d’autres grands noms de la scène italienne et internationale, avec qui j’ai désormais lié une complicité et amitié unique, qui nous permet peut être d’accoucher de ces jolies pochettes 🙂
Z : Puisque l’on parle d’image, que pensez-vous de la « Transformation » de Téo Jaffre avec qui vous avez collaboré et depuis devenu Téo Lavabo ?
Nyls : J’ai connu Teo à l’époque de mon single « Phœnix » en 2015, et c’est une personne de talent, douce, et vraiment gentille au sens noble du terme. Je ne suis pas surpris de son succès et je m’en réjouis pour lui ! Il a tellement de ressources en lui, je suis sûr qu’il va se ré-inventer encore bon nombre de fois 😉
Z : Avez-vous encore des contacts avec lui ?
Nyls : Pas dernièrement mais nous avons de quoi nous contacter et en plus, nous sommes presque voisins !
Z : Concernant votre nouvel album, Il y a de l’anglais et de l’italien, mais pas de français… Plus d’envies de ce côté là ?
Nyls : C’est vrai… je ne suis pas fâché avec la langue de Molière, rassurez-vous 😉 Ceci étant, j’ai grandi de par ma famille, principalement franco-italo-australienne avec un triptyque de langues où l’italien et l’anglais étaient surtout dominant, c’est donc avec un peu plus de facilité que je vais vers ces deux langues. Mais qui sait, le prochain album pourrait bien être en français !
Z : Quand on est un artiste souvent remixé et joué en club… Comment vit-on la fermeture de ceux-ci en tant qu’artiste privé d’une si grande visibilité et d’aire de jeux ?
Nyls : C’est très frustrant, d’autant que j’ai souvent l’habitude de faire ce que l’on appelle des « clubs tours » en plus de mes concerts disons plus traditionnels. J’espère sincèrement, avant tout pour les personnes y travaillant tous les jours, que cette situation va se résoudre au plus vite et que les autorités vont enfin entendre leur détresse plus que justifiée.
Z : Avez-vous déjà choisi les prochains singles à venir ?
Nyls : Oui, tout est prêt de À à Z !
Z : Qu’a de différent Echoes son blue pour avoir été la piste qui a donné le nom à l’album ?
Nyls : Déjà le concept qui se cache derrière ce titre. En anglais « Blue » signifie « bleu », ma couleur préférée, mais aussi « tristesse ». J’aimais l’idée « d’échines de bleu/tristesse », comme si je m’approchais peu à peu d’une forme de bonheur que j’ai voulu symboliser par ce rouge dans lequel je suis immergé sur la pochette. En ce qui concerne la chanson elle-même, avec Lamberjack, nous avons fait beaucoup de démos avant d’arriver à cette version qui doit être la 8ème ou 9ème version ! Nous voulions quelque chose de chaud, estival, nocturne, une ambiance presque proche d’une nuit d’été au Brésil !
Z : Vous n’avez jamais été avare en supports concernant votre musique, faut-il s’attendre à une réédition de l’album ou a de nouveaux supports sous peu ?
Nyls : Il est trop tôt pour le dire, mais je peux en tout cas vous affirmer que nous avons encore beaucoup de titres inédits totalement prêts à être publiés que nous avons enregistrés durant les sessions de « Echoes of Blue », alors pourquoi pas une réédition…
16 : Avez-vous deux ou 3 recommandations musicales à proposer ou a conseiller histoire de permettre de belles découvertes ?
Nyls : Bien sûr, j’écoute un peu de musique portugaise ces temps-ci, avec le très bel nouvel album de Marisa Monte, « Portas ». Je me suis replongé récemment dans le superbe dernier album de No Doubt, « Push & Shove ». Et puis la courte mais magnifique discographie des Years & Years est à écouter ! Mention spéciale pour leur album « Communion ».
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