Pendant un temps, la reine du monde et des charts US, Katy Perry est depuis un peu la mal aimée du public qui ne semble plus avoir envie de la suivre musicalement.
Après le rejet du pourtant très bon Witness en 2017, Katy a enchainé les échecs, et ce, même lorsqu’elle a essayé de changer de style via l’opus Smile 3 ans plus tard.Passer de 1,400 millions de ventes à 300 000 fait mal et son retour cette année avec l’opus 143 s’annonce des plus compliqués puisque une fois encore le public rejette en masse ses singles dont le réussi « Woman’s world » qui avait pourtant l’ambition de relancer la machine.
Depuis, Katy a déjà publié deux singles supplémentaires, le générique Lifetimes et le loupé I’m His, He’s mine qui ne brillent pas non plus dans les charts.
Nous voici donc à l’écoute de 143 qui s’ouvre sur Woman’s world avant d’enchainer avec le fort sympathique, mais relativement court Gimme Gimme (featuring 21 Savage) et son featuring en mode rap. Georgous en compagnie de Kim Petras continue dans la même veine et après ces deux titres, on se demande où est la dance annoncée depuis des mois par Katy qui n’a eu de cesse de marteler partout ses envies de faire danser le public ! Gorgeous est sympa comme titre, mais ressemble fort à un moyen d’aller dans le sens du vent qui veut que le monde semble dirigé vers le R’N’B plus que la pop depuis quelques années. Reste à voir si c’est ce que le public attend de Katy ou pas.
À noter que les titres s’enchaînent rapidement sans réelles pauses entre eux et si tôt Gorgeous terminé, nous voici face au décevant I’m his, he’s mine et son gimmick pompé sur Gipsy Woman de Crystal Waters, sorti en 91. Définitivement, de ces morceaux que je zapperai rapidement lors des prochaines écoutes.
C’est finalement sur Crush, la cinquième piste, que l’on semble retrouver la Katy Perry que l’on aime depuis toutes ces années. Proche d’un titre qu’aurait pu chanter Kylie Minogue au début des années 2000, certains pourraient trouver le son de ce titre peu original ou moderne, et pourtant, c’est définitivement la meilleure piste de ce début d’album. Comme pour les titres précédents, ce dernier va très vite et on sent vraiment l’album pensé en mode Tik Tok dont la tendance est de s’emparer des morceaux et de raccourcir le tout.
Lifetimes arrive et, même si ce n’est pas le meilleur titre de Katy Perry, il a quelque chose qui reste en mémoire et qui donne envie de bouger. Clairement, ce que l’on appelle un Grow Up qui s’améliore au rythme des écoutes. Avec un seul mois de réelle exploitation radio, le titre n’a pas eu la chance d’exister comme cela aurait été le cas il y a 10 ans sur une plus longue durée.
Arrivé ici, on ne peut que parler de l’étrangeté du mixage de l’album qui, comme dit plus haut, ne laisse aucune pause entre les morceaux. Si Madonna avait parfaitement adopté le concept en 2015 en créant des enchaînements de chansons sur son excellent Confessions on a dancefloor, Katy Perry n’a rien créé de tout cela et chaque titre semble finalement avoir été amputé de sa fin. C’est brut, net et presque dérangeant.
Sans s’en rendre compte, on est déjà à la piste 7, All the Love, et cette dernière est vraiment sympathique. On a enfin ce que Katy a promis depuis des mois, un titre dansant et pop. Arrivé ici, on a ce sentiment que le début d’opus est vraiment là pour attirer le public fan de R’N’B et n’a aucune cohérence avec le reste de l’album.
Nirvana qui suit ralentit un peu le tempo, mais reste dans l’univers de la Dance et le fait très bien. Ce n’est certes pas le morceau qui résumera le mieux l’album, mais on a ici un très bon titre de remplissage.
Après la dance, Katy propose un nouveau titre aux sonorités R’n’B avec Artificial et ce n’est pas terrible. À ce stade, définitivement la plus mauvaise piste de l’album.
Fort heureusement, Artificial est, comme le reste de l’album, relativement court et le plus réussi. Truth arrive rapidement pour proposer ce que Katy Perry fait de mieux. Un morceau pop efficace.
Avec une durée de seulement 33 minutes, on est loin des albums d’antan où on pensait plus « art » que like et chorégraphies ridicules sur Tik Tok et temps de concentration limités au point de sacrifier certaines chansons afin de les faire courtes, toujours plus courtes dans l’espoir qu’une personne s’accapare d’un morceau et cherche à faire le buzz devant sa caméra. Le problème de cette génération qui zappe très vite est que l’on se retrouve avec des albums plus que jamais calibrés marketing, et ce, au détriment de morceaux qui auraient demandé à exister plus.
On pense ainsi à Lifetimes qui aura eu à peine un mois d’existence, à des titres comme Crush, Truth et All the love qui auraient mérité de gagner une bonne minute.
Et c’est sans surprise que finalement le titre le plus long (3,24″) et sans doute le plus réussi de l’album est la piste de clôture, le tendre, pop et dansant Wonder.
143 de Katy Perry avait de quoi devenir un bon album, mais si l’on retire les pistes R’n’B dans lesquelles Katy est allée se vautrer avec l’espoir de plaire à la masse, on se retrouve finalement avec un album bien trop court et inconsistant, laissant un gout de trop peu.
Cet album ne restera pas dans les mémoires et sera peut-être un simple opus de transition vers une suite, on l’espère, mieux travaillée, mieux pensée, moins pensée marketing et avec une cohérence plus recherchée.
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