Ça y est, Stromae est de retour avec son nouvel album « Multitude » et le moins que l’on puisse dire est qu’alors qu’il aurait pu tomber dans la facilité et reproduire la même chose qui a fait son succès, Stromae fait signe d’intelligence en proposant une formule retravaillée et notamment plus « World music« .
Lui qui était parvenu à remettre en avant la Dance, ambiance boite de nuit avec un twist s’amuse ici avec les sonorités du monde.
Pas question de faire un titre africains, un titre espagnol, un titre oriental, mais bien un album qui mélange absolument tous les styles !
Dès sa courte piste d’ouverture « Invaincu » qui fait presque « intro », on sait que l’on va voyager.
Enchaînant les pistes, relativement courtes dans la mesure où aucune ne dépasse les 3’21 » là où il y avait aussi matière à proposer des hymnes electro plus long, on ne peut qu’imaginer que les titres seront retravaillés pour la scène.
On ne va pas revenir sur les excellents singles que sont « Santé » et « L’enfer » aux styles radicalement différents, mais qui une fois encore allient la qualité musicale avec des textes intelligents et forts pour s’attarder sur les autres pistes, inédites du projet, à l’image de « La solassitude » qui bénéficie d’un excellent texte sur la lassitude dans un couple accompagné d’une magnifique musicalité portée par une vielle chinoise.
« Fils de joie » est un bon morceau aussi qui marque plus par son texte et les détails ici et là sur des aspects rarement mis en avant en chanson (Les macs, le peu de revenus, l’aspect obligatoire du métier…), le tout sur la musique la plus « française » de l’opus et qui colle parfaitement à l’image qui a tendance à associer les prostituées à la France.
A l’écoute de « C’est que du bonheur« , nous sommes déjà à la 6ème piste et cette dernière confirme que l’album va défiler très rapidement (36 minutes seulement au compteur) et que l’aspect électro semble presque loin derrière. Un peu comme si le titre « Santé » marquait une rupture avec les deux précédents opus du génie belge. Les pistes qui s’enchaînent ne semblent pas destinées aux boites de nuit, mais bien à une écoute plus intimiste où le texte a plus d’importance.
« Pas vraiment » est à nouveau un titre original de par sa musicalité et son texte évoque ces jeunes couples qui croient dur comme fer à la solidité du couple et qui après 5 ans arrivent déjà en bout de courses.
« Riez » évoque la célébrité, l’argent, le succès et cette image que cela représente comme aboutissement chez certain alors que pour d’autres, le simple fait déjà d’avoir un bout de terrain, une famille et de quoi vivre dignement est déjà bien suffisant. A nouveau un joli titre au tempo lent sur le rêve simple de gens qui n’ont rien… Cette piste utilise à nouveau les sonorités asiatiques, mais différemment que sur « La solassitude«
« Mon Amour » est un titre léger musicalement alors qu’il parle quand même d’adultère répété et de cet homme qui se cherche des excuses avant de prendre conscience qu’il se sent bien seul une fois que c’est lui qui se retrouve trompé, abandonné « enfin » par celle qu’il aimait, mais trompait ! Le titre est amusant, mais une fois encore Stromae évoque une situation juste et universelle.
Arrivé à « Déclaration » on ne peut que constater un truc, Stromae a mis l’art avant le marketing tant cet opus ne cherche jamais après « le morceau facile » pour cartonner en radio. En effet, alors que « Racine carrée » enchaînait les tubes et les morceaux pour attirer le grand public, « Multitude » sait que quoi qu’il arrive, Stromae est un artiste reconnu et qu’arrivé à son 3ème opus, il n’a plus besoin d’aller conquérir son public. Exit don les tubes « radio friendly » à la chaîne et bonjour, les morceaux qui s’écoutent chez soi simplement par plaisir et non en dansant frénétiquement en club ou devant sa télé.
« Bonne journée » qui est la dernière piste enfonce le clou et si le texte est peut-être le moins inspiré de l’opus, musicalement c’est à nouveau réussi.
« Multitude » prend donc le risque de perdre certains fans en cours de route, surtout ceux de la première heure qui espéraient retrouver les beats electro de « Cheese » et « Racine carrée« , mais ce dernier devrait en contrepartie récupérer un public qui cherche quelque chose d’original, plus intime et tinté de world music.
Une belle réussite.
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