C’est à l’occasion de la sortie de son superbe album Chimera il y a quelques semaines maintenant que nous avons eu envie de rencontrer cet artiste atypique qu’est Aurus.
D’abord, membre du groupe 3SomeSisters avant de s’envoler depuis peu en solo, Aurus propose avec son album, des sonorités rarement mélangées non sans offrir des textes recherchés et riches de sens.
Tant de choses qui nous ont donné envie de s’intéresser un peu plus à l’artiste derrière ce superbe projet.
Rencontre :
Z : D’où t’es venu l’idée de mélanger, la pop et la musique tribale pour cet album ?
A : Je crois que c’est une continuité de ce que j’aime et de ce que j’écoute, mais aussi l’idée de pouvoir proposer ce qui se fait aussi à la réunion, à savoir des musiques à base de percussions, une approche ancestrale. Il faut savoir que ce n’est absolument pas quelque chose de « Marketé », bien au contraire. C’est simplement ce que j’aime et ce que j’avais envie de proposer.
Z : Cet album mélange du Créole avec du français, mais aussi du créole avec de l’anglais, ce qui est moins courant…
A : A nouveau, cela avait du sens pour moi de proposer ce mélange-là dans la mesure où c’est ce que j’écoute et ce qui me représente. Etant de la réunion, le créole est naturel chez moi et je suis un grand fan de la pop anglophone. De plus je nourris une passion depuis très jeune pour la langue anglaise et au-delà de ça, une partie de ma famille est à l’île Maurice donc depuis toujours je parlais anglais, créole et français…
Z : Est-ce que l’on peut imaginer ce type de mélange s’exporter… Notamment dans des pays anglophones du coup.
A : Je crois que oui et pour avoir joué à l’étranger comme en Estonie et En Inde, le public répond assez positivement. Il faut imaginer les parties en anglais comme une accroche, une main tendue et le créole interpelle parfois le public qui dès lors va s’y intéresser et découvrir ainsi cette langue. Donc oui cela semble plaire.
Z : Quand un groupe se sépare, il est de bon ton de parler de « différends artistiques » etc… Mais pour toi qu’as-tu de plus en étant en solo et que tu n’avais pas dans le groupe ?
A : Déjà, c’est une liberté totale musicale et physique aussi. C’est plus simple pour moi de venir par exemple ici, seul à ta rencontre que de devoir organiser les déplacements de 3, 4 ou 5 personnes. De plus cela m’a aussi permis d’aller vivre où je voulais, en l’occurence à La réunion, ce que les autres membres ne voulaient pas spécialement. C’est aussi une manière de faire une sorte d’Update sur soi-même, se recentrer, découvrir ce que « Moi » veut et ce que « Moi » peut accomplir…
Z : Et tes goûts musicaux actuels n’étaient pas compatibles avec le groupe ?
A : On avait quand même pas mal de sensibilités musicales compatibles quand même et on a exploré pas mal de choses quand même. Mais si on prend Laetitia, aujourd’hui elle propose des sonorités espagnoles, ce qui n’avait pas été fait avec le groupe. A nouveau je ne vois pas cela comme une opposition, mais vraiment comme une continuité…
Z : Et en solo, il n’y a pas des choses qui manquent, des choses que l’on aurait envie de vivre encore « en groupe » ?
A : Comme dans la vie en général, il y a forcément des choses qui manquent, des affinités, mais je ne suis pas du genre à avoir des regrets. Il faut accepter que ces moments étaient là et qu’un moment est un moment et maintenant, c’est à moi dans créer des nouveaux.
Z : Au départ justement avec les 3someSisters vous faisiez de la dance, des reprises… Avec ton album, on est éloigné de ces univers-là, mais penses-tu y revenir un jour ?
A : On peu s’attendre à des surprises, on ne sait jamais. Un album c’est comme une photo qui représente un moment précis dans ta vie et rien ne dit que le prochain moment que j’aimerais partager ne sera pas dans un autre registre. Et puis c’est un peu comme un enfant à qui on dit de faire une photo de ses jouets et qui sort tout d’un coup… Moi j’ai photographié une petite partie de mes jouets et d’autres sortiront sans doute plus tard.
Z : La piste Chimera est « Une interlude », et pourtant elle donne le nom à l’album ce qui est assez rare…
A : Pour moi le mot Chimère résume bien cet album, car dans Chimère, il y a cette idée d’illusion, qui dépasse le palpable et surtout ce côté « corps hybride », ce qu’est dans le fond et la forme cet album. J’ai aussi enregistré des sons très organiques, comme de l’eau, des bruits de pas, des animaux aussi… Pour chimériser tout ça ! C’est aussi une sorte de constat, celui que l’on est tous des chimères…En fait pour être franc, cette piste remonte à quelques années déjà, bien avant cet album puisque je l’avais écrit pour le groupe. Une fois la séparation actée, j’ai gardé cette chanson qui me restait en tête et quand j’ai créé mon album, cette piste s’est révélée d’elle-même et de suite s’est avéré être une évidence comme point central de l’album.
Z : Perso, je suis vraiment fan de la piste Stardust. Peux-tu m’en dire plus sur ce morceau ?
A : Stardust fait un peu partie de ces morceaux qui… Arrivent en 10 minutes. C’est comme une évidence. Tout arrive comme ça avec une fluidité et une facilité incroyable. C’est un morceau important qui était présent sur mon premier EP solo et c’est la seule piste que j’ai voulu conserver. Pour moi aussi il est spécial. Cela me fait plaisir aussi qu’il parle aux gens, qu’il unisse certaines personnes et ce d’autant que c’est la thématique du titre. On est plus fort ensemble que seul…
Z : Concernant le duo The Abettors, peux-tu nous dire pourquoi ce choix de chanter avec Sandra Nkaké et aussi pourquoi sur ce titre plus qu’un autre ?
A : Il faut savoir que je fonctionne souvent à L’intuition » et Sandra est une chanteuse incroyable, que j’aime vraiment. Et il se trouve qu’au moment de créer ce titre, cette fameuse intuition me disait qu’il demandait une seconde voix et une voix féminine. Et Sandra m’a directement semblé être la voix parfaite pour ça. je lui ai envoyé le titre, elle a aimé et a accepté d’y participer. Je l’ai rencontrée lors d’une carte blanche partagée entre elle et les 3Somesisters et déjà à cette époque, on disait que nos voix collaient bien ensemble.
Z : Parlons de tes clips qui sont chaque fois surprenants et visuellement très riches. Est-ce que ceux-ci sont le fruit de tes idées ou alors tu laisses libre aux réalisateurs de décider de la direction des clips…
A : Les idées partent de moi et après j’échange avec des réalisateurs et on se rejoint souvent. De plus j’aime aussi les symboles et cela se ressent dans mes clips. Quant à l’idée de me laisser totalement aller à l’idée d’un réalisateur… je commence à m’y faire et sans trop en dire… Cela pourrait arriver plus vite que prévu… Puis une fois que l’on a trouvé les bons partenaires… Alors on peut se laisser aller, laisser la confiance prendre le dessus sur l’envie de contrôler les choses.
Z : La piste Awol est absente de cet album…
A : L’album était déjà terminé et devais normalement sortir plus tôt. On a eu ce foutu virus qui a tout décalé et j’ai enregistré de nouveaux titres dont celui-ci. Il n’est pas présent sur l’album, car pour revenir sur l’idée « des moments », il représente un moment différent de celui de l’album.
Z : Pour la scène, à l’écoute de l’album on imagine des orchestres, des choeurs, des choses énormes et en fait tu tournes de manière assez intimiste…
A : En effet on tourne généralement à 3 pour des raisons budgétaires évidemment, mais aussi de logistiques, car c’est plus simple ainsi que de venir en bus complet… Mais j’ai déjà eu la chance de jouer avec effectivement des choeurs etc et j’ai adoré donc pourquoi pas un jour refaire un grand show etc, mais sur une tournée c’est compliqué.
Z : Est-ce que la sortie de l’album marque la fin d’une ère, de la promo ou alors il reste encore des choses à exploiter autour ce cet album ?
A : Alors il y a encore un clip de tourné et prévu pour début d’année, ainsi qu’un autre prévu aussi. Puis surtout d’autres choses se préparent, mais dont je préfère encore garder tout ça secret, mais je n’ai pas envie en effet de totalement lâcher cet album, en tout cas pas encore de suite.
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