Ce documentaire nous présente la scène parisienne du drag à travers le regard de Le Filip, Shigo LaDurée et Cookie Kunty. Ces trois grandes figures du drag parisien nous font part de l’origine de ce spectacle, de sa méconnaissance et de sa popularisation. De RuPaul Drag Race au COVID, tout sera abordé dans ce documentaire d’une heure réalisé par Marco Novoa et Simon Vivier.
Le documentaire est accrocheur et frappant, il aborde le sujet de la minorité et même de la minorité au sein de la minorité. Sous les lettres LGBTQI+ se trouvent des gens inclusifs, qui se veulent solidaires et pourtant ce n’est pas toujours le cas : par méprise, méconnaissance ou codes trop ancrés, Queendom nous ouvre les yeux sur celles qu’on appel les Drag Queens, souvent confondues pour des femmes trans. C’est de là qu’émane cette volonté de faire un tel documentaire et la nécessité d’un tel documentaire. La scène drag c’est un show, un spectacle qui remonte aux ballrooms : un endroit « safe » où des hommes, des femmes, des trans, noires, blanches… tous se retrouvent pour montrer leur créativité.
Le racisme a retiré beaucoup d’opportunité alors elles ont créées leurs propres opportunités, mais si on peut penser que depuis tout s’est amélioré, ce n’est pas tout à fait vrai. Finalement, le rejet des drag queens ou des personnes trans est encore bien trop présent. Si le drag se popularise notamment grâce à l’émission RuPaul Drag Race (qui va d’ailleurs débarquer en France), ça ne présente qu’une petite partie du drag et non l’ensemble de la scène drag. Ces drags, que l’on ne voit pas à la télévision, souffre finalement de ces codes du drag qui se popularisent en donnant une image préconçue, formatée de ce que devrait être le drag selon cette émission. Queendom permet de montrer la réalité, de donner de la voix à ceux et celles qui n’en avaient pas.
Tout n’est pourtant pas que paillettes, voguing ou tenues sublimes, bien au contraire. Il y a ce lien constant entre la créativité et la souffrance, souvent originaire du rejet subit. Pourtant, malgré ce combat qui semble interminable, que ce soir Le Filip, Shigo LaDurée ou Cookie Kunty, elles se battent pour s’imposer et se réapproprier ce qui leur est de droit. Il y a d’ailleurs un passage très intéressant sur les termes utilisés dans le milieu, repris sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas les mots qu’il faut populariser, mais les personnes qui en sont à l’origine, qui méritent elles aussi d’être sur le devant de la scène.
Les représentations sont souvent bien trop stigmatisantes alors en allant sur des plateaux télé ou en participant à des films, elles reprennent le contrôle de ces représentations pour tenter de montrer la réalité de cet univers. L’humour, le sarcasme, la beauté sous toutes ses formes sont les maîtres mots du drag, ce drag c’est une occasion de s’évader, de se libérer. Ce n’est pas seulement « se déguiser » ou mettre du maquillage, c’est créer de l’art.
Le documentaire est émouvant, il aborde de nombreux sujets comme l’impact de la pandémie sur cette scène qui en a souffert et qui est pourtant essentielle à la survit de ceux qui y participent, mais aussi de l’acceptation par les autres, l’amour et le futur du drag. La fin nous laisse sur une note positive, optimiste et c’est la véritable force de la communauté drag qui, malgré les obstacles, continue de se réinventer et d’offrir un lieu pour s’exprimer. Toutefois, la courte durée oblige, on reste un peu trop souvent à la surface des problèmes, ils ne sont pas assez développés et il y a pourtant beaucoup à dire. Mais c’est une très belle réalisation, importante pour les générations actuelles et futures qui peut totalement faire changer la vision que l’on a du drag.
Misha (Shigo LaDurée), Romain (Cookie Kunty) et Le Filip auront réussi tous les trois à émouvoir le spectateur et transmettre des messages importants et à entendre. De 18 ans à 25 ans ils ont déjà cette maturité hallucinante et cette implication dans un activisme au fond politique.
Retrouvez ce sublime documentaire à l’occasion du festival Chéries-Chéris à Paris le 21 novembre prochain à 18h50 au mk2 Beaubourg !
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