C’est à l’occasion de son spectacle « Tombé du ciel » au Théâtre Le Grand Point Virgule jusqu’au 31 mars prochain que l’on a eu la chance de rencontrer l’humoriste Jeanfi Janssens.
Fort d’un spectacle réussi qui nous aura offert une excellente soirée, c’est dans les studios de RTL où il venait d’enregistrer Les grosses têtes que nous l’avons retrouvé.
Voici notre interview.
Z : Est-ce plus compliqué de créer un premier spectacle, ou finalement de trouver les idées pour le second.
JJ : je dirai, de créer et d’avoir des idées. le plus complexe est de savoir ce qui va plaire. Quand le premier spectacle a aussi bien marché, on se dit que pour le deuxième, on doit forcément faire en sorte qu’il fonctionne également. Comme une chanteuse qui fait un tube, on la sait attendue au tournant et elle doit absolument faire un autre succès derrière sous peine de tout perdre. On se sent attendu sur le deuxième spectacle et je me suis dis « fais ce que t’as toujours su faire, raconter ta vie » et cela devrait fonctionner. Ainsi le premier spectacle, c’était ma vie dans les avions et le deuxième, c’est ma vie dans le showbiz car c’est ma vie maintenant. Finalement en parlant de moi, en restant moi-même, je vois que les gens sont toujours là et c’est ce qu’ils apprécient.
Z : Quel est le métier le plus compliqué, hôtesse de l’air, on va dire, ou « vedette » ?
JJ : Les deux, parce que ce sont des métiers de services, du service pour les gens. Et on ne fait pas ces métiers si on n’aime pas les gens. Dans les deux, il faut aussi du savoir vivre, du savoir être et bien se présenter. Et donc je dirais que les deux sont tout aussi difficiles ou faciles, ça dépend comment on l’entend et l’aborde.
Z : Je trouve qu’on est dans une époque actuellement où à tout moment un dossier peut sortir et surtout être exagéré au point qu’il faut réfléchir en permanence lorsque l’on fait quelque chose. N’est-ce pas une grande pressions à vivre en tant que « vedette » ?
JJ : Alors c’est sûr que maintenant, on se doit de réfléchir à deux fois avant de dire ou faire quelque chose. Mais après, je refuse de me censurer et je continue de faire ce que j’ai envie de faire avec comme seule condition, celle de ne nuire à personne.
Z : On peut donc encore être « Libre comme l’air » à notre époque.
JJ : Oui, je pense que oui. Je suis libre comme l’air, mais il est vrai que certaines choses que l’on disait ou faisait il y a 20 ans, ne peuvent plus se dire ou se faire. De là, à condamner sans contextualiser, je ne suis pas pour. Il faut accepter que les temps ont changé et que des choses condamnables aujourd’hui étaient entre guillemets normales à une certaine époque et que c’est trop facile d’attaquer sur ces choses du passé alors que nous aussi, nous étions dans ce système, à cette époque. Voilà pourquoi avant de dire ou faire quelque chose, il est important de se demander si on ne va pas nuire à quelqu’un… Cela aide à ne pas dire ou faire n’importe quoi aujourd’hui, comme demain.
Z : Muriel Robin a évoqué le fait d’être homosexuelle lui avait fermé de nombreuses portes. Avez-vous vécu les mêmes problèmes depuis que vous êtres dans le « Showbiz » ?
JJ : Dans tous les métiers où j’ai évolué, l’homosexualité a rarement été un problème, ni un obstacle. C’était peut-être une chance, mais j’ai toujours été dans une voie qui me permettait d’évoluer librement. Il ne faut pas oublier que j’ai été Stewart et que j’ai ainsi défier les clichés sans jamais ressentir de l’homophobie en interne. Après, est-ce que mon homosexualité et mes choix me collent une étiquette, peut-être, mais je dois admettre, ne m’être jamais vraiment posé la question. Peut-être que dans quelques années si j’ai envie de faire du cinéma ou autre, cela sera un problème ou pas, je ne peux le dire. Jusqu’à présent, je peux naviguer librement en disant simplement « Voilà, qui je suis » et cela me va. Je n’ai jamais cherché à devenir un porte-parole ou un exemple. Si on ne m’en parle pas, ça me va et si on m’en parle et bien je suis juste Jeanfi Janssens et voilà qui je suis. C’est bien suffisant ainsi.
Z : n autre sujet qui n’est définitivement pas un tabou avec vous, c’est votre votre âge. Vous avez 50 ans et en parlez librement sur et en dehors de la scène. Arrivé à cet âge, est-ce-que l’on se projette différemment artistiquement ou pas ?
JJ : JJ’ai déjà une carrière vieille de 15 ans, mais cela ne m’empêche pas de me sentir encore jeune ! Ce second spectacle était un peu le challenge à passer en mode « Suis-je vraiment fait pour la scène ? » « Est-ce-que c’est définitivement ça mon avenir, mon métier… ? » Concernant mes 50 ans, j’ai pas de problème avec mon âge parce que je suis content de mon paraître, je vois des gens de mon âge et je me dis ça va, moi je reste dans la course. Certains ont démissionné de leur corps et de leur tête et c’est dommage. Et puis moi je pense que tant que je suis le fils de mes parents et que mes parents sont toujours en vie, je suis un grand gamin. Je ne me vois pas comme un monsieur de 50 ans, mais comme une jeunette de 20 ans qui deviendra adulte le jour où je serai sans eux.
Z : Dans votre spectacle, vous parlez de votre famille avec aisance et parfois vous y allez vraiment… Est-ce que vous demandez leur avis avant de les égratigner sur scène ?
JJ : Non. Je ne les consulte pas et aucune ne m’a demandé de retirer ou modifier une vanne. Notre famille à une forte dose d’auto-dérision et si l’on prend ma mère, c’est celle qui réagit le plus à mes vannes. Elle adore se moquer d’elle-même et si une vanne ne la fait pas rire, c’est ce que je me suis planté. Elle est mon premier public et accepte toutes mes petites notes d’humour familiale. On ne se prend pas au sérieux dans ma famille et tant mieux.
Z : Vous ne parlez pas vraiment politique, religion etc. dans vos spectacles, y-a-t-il des sujets qui ne vous intéressent pas ?
JJ :
Ce n’est simplement pas mon type d’humour. J’apprécie certains humoristes qui bossent avec ces sujets-là et cela m’amuse beaucoup, mais moi, ce n’est pas ce que j’ai envie de faire.
Par exemple, j’adore Jérémie Ferrari, mais je ne sais pas faire ce qu’il fait. Donc, c’est pour ça que j’admire des gens tels que lui. Moi, mon approche est l’auto-dérision, le « feel good », la famille et cela plait aux gens qui viennent me voir. Le public sait ce qu’il va avoir avec mes spectacles. Il y a de la place pour tous les humoristes et tous les types d’humour, et tant mieux.
Z : Quand on est une « vedette » qu’est-ce qui est le plus facile et le plus difficile ?
JJ : On va commencer par le plus difficile. C’est de savoir si les gens proches de vous le sont pour les bonnes raisons. La lumière attire et j’ai vécu quelques expériences négatives en ce sens. Quand on est connu, on vous aime, mais est-ce pour les bonnes raisons ? C’est définitivement la chose la plus difficile, savoir différencier le vrai du faux chez les gens. Quant à la chose la plus facile, c’est que c’est agréable quand on me reconnait, qu’on m’approche avec gentillesse et bienveillance. C’est des moments agréables, comme des petits bonheurs. Puis il y a aussi les cadeaux… Je ne dis jamais non quand on m’offre des choses sympas.
Z : En parlant de sincérité, y-a-t-il eu des « Vedettes » que vous aimiez et avec qui la rencontre a créer une déception chez vous…
JJ : Oui, et il y a quelques vedettes que j’idéalisais quand je n’étais pas connu et qui, quand je suis devenu moi aussi une vedette, je ne citerai pas de noms, mais j’ai été très déçu de leur réaction et de ce qu’ils sont vraiment. Je me suis dit, finalement, qu’il y a ce qu’on voit ou ce qu’on imagine et ce qu’ils sont vraiment.
Z : Dans le spectacle, vous expliquer la différence entre une « Vedette » et une « Star » mais est-ce que une vedette peut devenir une star ?
JJ : Une star c’est international selon ma mère donc comme je vais jouer prochainement entre autres en Belgique et en Suisse, je vais bientôt aller lui dire que sa « vedette » nationale sera bientôt une « Star internationale »
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