C’est sous le soleil de la terrasse du Hôtel Barrière Le Fouquet’s Paris que nous avons eu la possibilité de rencontrer Julien Guetta et Eric Judor pour le film roulez jeunesse.
Très détendu, Eric Judor a ainsi échangé avec les différents journalistes présents, le tout bien accompagné du réalisateur du film Julien Guetta.
Voici le contenu de cette rencontre.
Eric Judor : C’est fou quand même tous ces gens qui me donnent leurs téléphones ainsi…
Julien Guetta : C’est ça la nouvelle technologie, on utilise les téléphones pour les interviews.
Eric Judor : On fait comment alors, par ordre alphabétique… Non je déconne, alors qui commence ?
Z : Le fait d’avoir un réalisateur et acteur sur le tournage, est-ce que cela est une difficulté, un atout ?
Julien Guetta : moi j’avais des appréhensions au tout début, je me suis dit on allait bien s’entendre et eh… En fait pas du tout quoi moi ! (dit sur le ton de l’humour bien entendu). En réalité, Eric m’a fait confiance dès le début. En fait moi j’aime bien discuter et donc c’est par ça que l’on a commencé: Prendre le temps de parler. Et à partir du moment où on a commencé à travailler ensemble, tout s’est bien passé.
Eric Judor : Cela aurait été une erreur de ma part que d’accepter d’aller dans l’univers de Julien et derrière de m‘approprier le projet. En tant qu’acteur, l’idée c’est de vraiment faire confiance et de se laisser guider par le réalisateur du film. Parfois, je n’étais pas forcément d’accord avec ce qu’il proposait et dans ma tête je me disais à moi-même « Tien j’aurais fait ainsi… » et puis au fur à mesure, je me suis dit que ce n’était pas mon film et que je devais m’adapter à la personnalité de julien. C’était la meilleure solution pour que les choses soient réussies. Après cette décision de me laisse guider par lui, je suis rentré dans cette chaussure hyper tranquillement. Même si je suis réalisateur, quand on me propose des choses aussi bonnes cela aurait été idiot de me limiter au travail de réalisateur et ne pas foncer sur un tel projet. De plus je trouve qu’il me réinvente, Julien Guetta.
Z : Pourquoi était-ce alors si essentiel d’aller vers ce film ?
Eric Judor : Parce que ça fait un moment que je tourne autour du réalisme, voir de l’hyperréalisme avec des choses telles que platanes. Dans choses dans lesquelles je vais faire moins dans le côté Gogogle et plus aller du côté des personnages pouvant exister qui pourraient exister et là avec Roulez Jeunesse, c’est la vie quoi. Julien a écrit un scénario où on se marre, où on pleure, bref un scénario sur la vie et c’est ce que j’ai envie en ce moment.
Z: A ce sujet, Julien, est-ce que le film a été écrit avec Eric Judor en tête ou pas ?
Julien Guetta : En fait je n’écris pas pour quelqu’un en particulier. Je crée un personnage et ensuite je recherche qui serait à même de mieux lui donner vie. Ensuite je pars en mode « Recherche »
Eric Judor : Et il m’a trouvé dans la rue… Véritablement ! Pour l’anecdote, il m’a croisé et s’est dit « Ah oui, Eric Judor, ça pourrait le faire, lui, pour le personnage d’Alex »… Forcément, on se dit après coup que cela aurait pu être le mec derrière moi ou simplement que je loupe ce rôle sans le hasard des choses.
Z : Comment s’est déroulé la phase d’écriture du film
Julien Guetta : C’était dur à écrire. L’histoire, elle paraît simple comme ça quand on voit le film, mais en fait c’est difficile d’emmener le spectateur vers quelque chose de drôle, puis triste et de trouver ces instants d’équilibre. Ensuite c’est compliqué à financer également, car en France, les producteurs préfèrent aller vers « La grosse comédie » du début à la fin et éviter les nuances. Pour les producteurs, généralement une comédie doit obligatoirement avoir une Happy End sinon le public ne va pas accrocher. Forcément il m’est arrivé de douter et heureusement Eric était là pour me dire qu’au contraire, l’équilibre et la dualité des sentiments du film était sa force et qu’il ne fallait pas y toucher.
Eric Judor : On a déjà vu en fait des films avec des quadras qui se retrouvent entiché de gamins. Ce n’est pas une idée neuve, mais ce qui m’a plu dans le scénario est justement ce vers quoi ça va, vers un moment crédible, vers quelque chose de la vraie vie. La vie, elle est comme ça, elle est accidentée et avec ce film, enfin j’avais dans les mains un truc réel, une histoire ancrée dans la vie. Et il ne fallait surtout pas faire une énième comédie du quadra qui se retrouve avec des gamins et déjà vu 100 fois.
Julien Guetta : Et c’est d’ailleurs ce que je voulais faire avec ce film, tenter d’innover. Le truc c’est qu’on a du mal à dévier du chemin classique de la comédie classique en France.
Eric Judor : Si on se marre au début, faut se marrer à la fin comme je disais plus tôt. On nous pousse vers ça. En France, et contrairement à l’Angleterre, où ils excellent dans le mélange des genres, ici on a du mal à imaginer une comédie qui se termine mal ou sans un gros éclat de rire. Pour les gens si on se marre au début et pas à la fin… On appelle ça une comédie ratée ! Je sais de quoi je parle (éclat de rire). Pour revenir sur les britanniques, je pense qu’ils sont les maîtres pour ce genre de comédies mélangeant les rires et les larmes, mais cela est du aux producteurs, mais bien entendu aussi parce qu’ils ont un public pour ça, un public qui demande d’être bousculé. Résultat, ils le font et savent le faire depuis très longtemps. En comparaison, les Américains, sauf dans le cinéma indépendant, ont plus de difficultés à le faire et sont plus dans la comédie directe rire au début, rire à la fin, rire partout. Il y a des cases, il faut vendre des Popcorns, attirer les masses et ce genre de films s’en éloigne. On ne pleure pas sur des Pocorns…
Z : Vous êtes intense face à Brigite Roüan, ça fait quoi de se retrouver face à une si grande actrice ?
Eric Judor : C’est super mais ce n’est pas plus super que d’avoir Ramzy en face. Ce qui est amusant est que depuis que l’on projette le film, on vient me voir dire « Ah, mais vraiment, en fait tu sais jouer quoi… » et ces remarques reviennent parce que je crée une autre émotion chez les gens, mais je pense que la comédie pure est au moins aussi difficile voir plus en fait dans le jeu d’acteur. Au final, oui c’est super de jouer face à face à cette dame césarisé, mais c’est juste une manière différente de jouer.
Z : Et face aux enfants et notamment le jeune Ilan, comment cela s’est-il passé ? Ils vous connaissaient avant ?
Eric Judor : Oui Ilan me connaissait, Louise aussi, mais en fait on a tout de suite brisé la glace. Il n’y a pas eu d’effet genre « Ah t’es le mec de Aladin ou d’EDF » parce que bon c’est ce que Ilan avait vu de moi jusqu’ici. Ilan il m’a directement vu comme un pote et pas comme un père. On était deux enfants qui s’amusent ensemble.
Julien Guetta : En effet, ils étaient très complices
Eric Judor : Rapidement il me savait dessus, on faisait des bagarres etc... De vrais potes !
Z : Peut-on considérer que ce film est un peu votre Truman Show ?
Eric Judor : Pour moi, c’est un grand compliment, car Jim Carrey est un comique archi incompris. On a dans nos carrières des moments comme ça où… Moi j’étais persuadé en démarrant ma carrière que jamais de ma vie je ne serais allé vers des films comme « Roulez jeunesse » et aujourd’hui j’y suis allé la fleur au fusil quoi. J’y suis allé vraiment content d’y aller parce que je tâtonne et j’essaie de toujours dans la comédie de faire le tour des genre et d’aller un peu dans tous les espaces comiques.
Z : Justement Jim Carrey apporte beaucoup de choses à ses personnages, improvise des choses… Et Eric ?
Julien Guetta : Je vais répondre ici en fait. Il faut savoir que je suis un super spectateur de ce que Eric peut produire et ça me faisait rire beaucoup sur le plateau mais finalement on diminue au fur à mesure ce que l’on a obtenu pendant les prises pour en arriver à quelque chose de plus simple et sérieux puisque c’était le ton souhaité pour le film. Le montage a été difficile parce qu’il fallait dégrossir le tout pour arriver à ce que l’on souhaitait et quand on est fan d’un acteur, on a envie aussi de tout garder. Mais c’est vrai qu’il y a plein de choses qui ne sont pas dans le film et que Eric a apporté sur le moment.
Roulez Jeunesse sort le 25 juillet prochain, mais sera bientôt près de chez vous pour des avant-premières.
Notre critique du film ci-dessous
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