Ayşe Toprak a réalisé ici un documentaire poignant qui montre une vision méconnue des rapports à l’homosexualité dans certains pays, de l’homophobie toujours persistante et comment s’en sortent ces hommes qui ne souhaitent pas se cacher.
Nous suivons alors un jeune syrien qui a dû fuir son pays pour la simple raison que son orientation sexuelle est condamnée là-bas. C’est en Turquie qu’il trouve refuge, mais même dans ce pays où il n’existe pas de condamnation à proprement parler pour homosexualité, les violences envers les LGBT fait rage : ils ne sont pas protégés. Pourtant, une communauté existe, des hommes se retrouvent pour parler, partager et s’entraider. C’est ce groupe qui va organiser le concours de Mr Gay Syria dans le but de partir à Malte et participer à Mr Gay World. Rendez-vous compte de l’opportunité énorme que c’est, de la visibilité qu’offre un tel concours et le potentiel qu’il peut apporter à ces jeunes dans des pays où ils sont rejetés pour ce qu’ils sont.
Husein est père d’une petite fille après un mariage forcé en Syrie et c’est lui que nous suivons tout le long du documentaire. Il n’a que 24 ans et il est en exile, il a pu trouver la force de faire son coming-out à sa famille si chère à ses yeux. Un coming-out qui aura eu un lourd prix puisqu’il est désormais en conflit avec son père, avec son ex-femme et si ce sont des drames qui arrivent à d’autres personnes LGBT dans des pays où ils sont plus acceptés, ce documentaire nous apporte la vision plus violente d’une autre culture. Lors d’une réunion de cette communauté d’Istanbul, on parlera même de Daesh en plaisantant, du danger qui les guettes.
Ce jeune syrien trouve sa force dans ce combat, celui de l’égalité et de la liberté. En Syrie, il lui aurait été impossible d’aller si loin : aucune communauté LGBT n’existe là-bas. Des hommes et des femmes vivent dans la clandestinité, dans la peur de se faire attraper par l’État, les services secrets ou des organisations terroristes.
Dans ce décor pourtant si dramatique, est dépeint ce concours qui est comme une lumière dans l’obscurité. Ce concours apporte de la joie aux candidats : ils peuvent vivre librement leur sexualité le temps d’un instant. C’est un contraste frappant avec les sujets abordés en dehors, avec cette épée de Damoclès qui tient au dessus de leur tête. Mais même victorieux d’un concours, la joie s’arrête lorsque la question du visa se pose et qu’il est impossible de rejoindre Malte. C’est alors une question d’homophobie qui est relevée, mais aussi de racisme.
Ce film documentaire est important, il apporte une vision méconnue de la vie que peuvent endurer ces jeunes syriens et montre leur courage, chaque jour, dans leur combat pour affirmer qui ils sont vraiment, pour changer, pas seulement leur pays, mais le monde et la vie des autres.
Un visa pour la liberté : Mr Gay Syria est à retrouver le 11 mai au cinéma !
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